Et si le Tunnel du Fréjus était modifié pour recevoir un trafic routier supplémentaire, contre les orientations actuelles en faveur du report sur le rail ? L’enquête publique sur les travaux destinés à mettre le tunnel routier du Fréjus aux normes de sécurité, a apporté des éléments qui ont déjà provoqué il y a quelques jours des interrogations de la présidente du Piémont et du président de Rhône-Alpes.
Antoine Fatiga, du secteur Transports de la CGT de Savoie, exprime des interrogations supplémentaires, alors que l’enquête publique se termine le 15 décembre.
Des aspects techniques
Certaines remarques portent sur des aspects purement techniques mais importants : passage dans la galerie d’une ligne à 400 000 volts produisant des forts champs magnétiques, absence de concasseurs pour casser les gros blocs. Des interrogations portent sur l’amélioration de la sécurité des usagers ou surla sécurité en amont du tunnel: contrôles accrus sur le temps de travail des conducteurs routiers, révision des
marchandises classifiées MADA (matières dangereuses) comme cela avait été
décidé suite aux différents accidents dans les tunnels. Le responsable syndical s’interroge aussi sur la imitation du périmètre à la mairie de Modane, alors que le chantier intéresse les traversées alpines.
Une alternative au tunnel du Mont Blanc ?
Les inquiétudes de la CGT portent surtout sur la dimension du tube de la galerie de sécurité. La Société Française du Tunnel Routier du Fréjus a en effet fait une demande pour une galerie d’une largeur de 8m alors qu’initialement, elle était prévue de 4m60, ensuite de 5m50. Huit mètres, c’est la taille d’une galerie comme celle du tunnel du Mont Blanc, c’est la taille pour recevoir des voies de circulation normales. Antoine Fatiga imagine donc, et il n’est pas le seul, un scénario progressif de glissement vers la mise en service routier de la galerie de secours. ” Même la clause de la Convention Alpine prévoyant qu’il ne pourrait pas y avoir de nouvelles percées alpines permettant d’accroitre le trafic routier pourrait être détournée” explique-t-il.
« Les éléments contenus dans le dossier peuvent laisser à penser que cette hypothèse de doublement n’est pas infondée : croisement possible de deux poids lourds à vitesse normale; systèmes de ventilations prévus (une des conditions indispensable pour permettre la circulation future de véhicules) ; pas de contrôle du nombre de poids lourds ni même de sa régulation ; largeur importante du tube. »
Les interrogations sont d’autant plus fondées que, selon Antoine Fatiga, le “flou est entretenu sur le financement et le coût du projet chiffré à 370 million d’€ paraît bien en dessous de ce qu’il sera en réalité.”
Crainte pour Lyon-Turin
Emerge alors des craintes pour la liaison Lyon-Turin ferroviaire et pour le report du fret de la route vers le rail. Le financement accordé, entre autres par les collectivités pourraient obérer le financement par ailleurs de Lyon Turin. L’inscription ( lente, mais lancée), du Pays du Mont Blanc au Patrimoine de l’Unesco, pourrait réduire l’ouverture du Tunnel du Mont Blanc au trafic routier. Un trafic que la SFTRF verrait bien arriver en Maurienne.
La CGT demande au commissaire enquêteur de donner “un avis négatif à cette
enquête. Une autre doit être faite, y compris avec l’aide de la
Commission Nationale du Débat Public“.