L’Autorité environnementale demande que le dossier du projet de remplacement du téléphérique Jandri Express aux des Deux Alpes soit fortement complété, notamment pour ses impacts sur la ressource en eau, sur les émissions de gaz à effet de serre, et son impact sur le climat.
La société Sata Group propriétaire du téléphérique Jandri express, datant de 1985, colonne vertébrale du domaine skiable des Deux Alpes, assurant la liaison entre le cœur de la station à 1650 m et le bas du secteur du Glacier à 3 200 m, sur 6,4 km, le débit des installations évoluant de 1 800 à 3 000 personnes par heure.
La mission régionale d’autorité environnementale (MRAe) Auvergne-Rhône-Alpes du Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), s’est réunie le 29 juillet 2022 en visioconférence. Elle devait rendre un avis sur le remplacement du téléphérique Jandri Express, au sein de la station des Deux Alpes, par SATA Group, communes des Deux-Alpes et Saint-Christophe-en-Oisans (38).
La direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) Auvergne-Rhône-Alpes
a été saisie le 09 juin 2022 pour délivrer l’autorisation du projet, pour avis au titre de l’autorité environnementale.
Pour chaque projet soumis l’autorité doit donner son avis et le mettre à disposition du maître d’ouvrage, de l’autorité décisionnaire et du public. L’avis porte sur la qualité de l’étude d’impact présentée par le maître d’ouvrage et sur la prise en
compte de l’environnement. L’avis n’est donc ni favorable, ni défavorable et ne porte pas sur son opportunité. Il vise à permettre d’améliorer la conception du projet, ainsi que l’information du public et sa participation à l’élaboration des décisions qui s’y rapportent. L’ensemble des recommandations de l’Autorité environnementale est présenté dans l’avis détaillé.
Une colonne vertébrale
Au cœur du massif des Écrins, pour sa partie située dans le département de l’Isère, le domaine skiable des Deux Alpes
s’étage entre 1300 et 3600 mètres d’altitude. Il totalise 410 hectares de pistes, du village de Mont-de-Lans au dôme glaciaire de la Lauze. Opération issue du contrat de délégation de service public des communes délégantes des Deux Alpes et de Saint-Christophe-en-Oisans, le remplacement du téléphérique Jandri express est porté par SATA Group. Il a pour but de remplacer
l’installation existante obsolète. Celle-ci constitue la colonne vertébrale du domaine skiable, véhiculant les usagers hiver comme été, entre le cœur de la station à 1650 m et le bas du secteur du glacier à 3 200 m, par deux liaisons successives d’au total 6,4 km. Le débit serait augmenté de 1 800 à 3 000 (ou 3 400) personnes par heure, soit une augmentation de plus des deux tiers conduisant à faciliter, donc à intensifier la fréquentation des secteurs desservis qui représentent la quasi-totalité du domaine skiable.
Enjeux : paysage, eau, biodiversité, climat, risques naturels
Pour l’Autorité environnementale, les principaux enjeux environnementaux du territoire et du projet sont le paysage, la ressource en eau, la biodiversité, le changement climatique et les risques naturels. L’avis note que l’articulation des opérations prévues au sein du domaine skiable et plus largement au sein de la station n’est pas décrite dans le dossier. » La fréquentation et les orientations passées, actuelles et à venir de la station n’y sont pas non plus exposées. »
« Sans ces éléments et une analyse documentée, la pertinence du périmètre retenu pour le projet ne peut être vérifiée. À
tout le moins un descriptif de la place et du degré de contribution du remplacement du Jandri Express à l’atteinte des objectifs de développement de la station, et de son articulation avec les autres opérations, est attendu. »
L’Autorité environnementale exprime plusieurs recommandations. Il convient d’étendre le périmètre de l’étude d’impact à l’ensemble des effets directs et indirects de l’opération et du projet, à court, moyen et long termes, se fondant sur les flux estivaux et hivernaux d’usagers sur le domaine skiable et les activités existantes et projetées, toutes maîtrises d’ouvrage confondues, qui s’y déroulent, en fournissant les données nécessaires.
L’Autorité demande aussi les améliorations suivantes :
• compléter les inventaires biodiversité, renforcer la déclinaison de la séquence éviter, réduire, compenser en s’appuyant si besoin sur des tierces expertises (Parc national des Écrins), en particulier pour les oiseaux et les milieux boisés, semi-ouverts et prairiaux, et s’engager plus fermement à les mettre en œuvre ;
• caractériser l’aléa et les risques naturels sur l’ensemble du tracé projeté, leur évolution (aléas avalanche et mouvements de terrain, et enjeux) du fait du projet et du changement climatique et la vulnérabilité du projet à ses conséquences ;
• intégrer une mesure d’amélioration plus générale du secteur de la gare amont G4, fournir des
vues rapprochées des gares et pylônes accessibles aux promeneurs l’été, démontrer la compatibilité du projet avec la loi montagne ;
• mieux étayer la disponibilité à long terme de la ressource en eau, en particulier pour la production de neige artificielle, et étendre et renforcer le dispositif de suivi, notamment de l’eau potable
• intégrer aux estimations du bilan des émissions de gaz à effet de serre ( GES) l’énergie grise comprise dans les ouvrages, réduire et compenser les émissions générées, et réaliser un bilan carbone complet de l’opération.
1 ) Ont délibéré : Hugues Dollat, Jeanne Garric, Stéphanie Gaucherand, Jean-Philippe Strebler, Benoît Thomé
et Véronique Wormser. En application du règlement intérieur de la MRAe chacun des membres délibérants cités ci-dessus atteste qu’aucun intérêt particulier ou élément dans ses activités passées ou présentes n’est de nature à mettre en cause son impartialité dans l’avis à donner sur le projet qui fait l’objet du présent avis.