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Grenelle de l’environnement, une inflexion, pas une révolution, par Jean Sivardière, de la FNAUT

Démarche originale de démocratie participative, le Grenelle de l’environnement a rassemblé des fonctionnaires, des élus territoriaux, des représentants du patronat, des syndicalistes et des militants associatifs. La FNAUT était présente dans le groupe climat-énergie.
Le rapport de l’atelier transport, dont le thème était très conflictuel, a fait une large place aux propositions de la FNAUT et des autres associations environnementalistes (France Nature Environnement et Réseau Action Climat), qui y ont travaillé main dans la main et ont pu s’y exprimer librement.
On pouvait craindre que de ce travail remarquable ne sorte qu’une souris verte enrobée dans le “bavardage durable” à la mode. Même si certains d’entre eux sont encore imprécis ou même franchement décevants, les résultats sont loin d’être négligeables : en trois mois, on a plus progressé qu’au cours des dix années précédentes.


Les mesures impopulaires écartées



Il serait certes exagéré de parler de révolution (le 18/20 décerné par Nicolas Hulot n’est pas sérieux) car les mesures dites impopulaires, les plus efficaces, ont été écartées. Mais les engagements du Chef de l’Etat marquent une inflexion incontestable par rapport aux orientations passées, souvent désastreuses, de la politique des transports. Les programmes d’investissements sont accélérés de manière très volontaristes.
Le Grenelle n’est pas terminé. Les associations ont encore du pain sur la planche puisque les bonnes intentions affichées aujourd’hui par l’Etat doivent être mises en musique, c’est-à-dire confirmées, précisées et … financées.
Et les lobbies routier et aérien, très influents auprès des parlementaires qui auront à voter début 2008 la loi-programme sur l’environnement, n’ont pas disparu par miracle.


Le mouvement associatif reconnu



La démarche du Grenelle a été – enfin – l’occasion d’une reconnaissance officielle du mouvement associatif, de sa représentativité et de ses compétences.
On espère que cette reconnaissance sera durable et se traduira par l’attribution aux associations des moyens politiques et financiers dont elles ont besoin pour poursuivre efficacemment leur travail, en particulier lors du suivi des décisions du Grenelle.
Jean Sivardière


Les résultats du Grenelle


-Un vaste programme d’infrastructures de transport est annoncé : 1500 km de transports collectifs en site propre seront implantés dans 30 villes de province (l’Etat apportera 4 milliards d’euros sur les 18 milliards nécessaires) et 2000 km de lignes nouvelles à grande vitesse (pour un coût de 30 milliards d’euros) seront construits d’ici 2020.
Mais aucune mention explicite n’a été faite du réseau ferré classique, dont la régénération et la modernisation sont tout aussi urgentes que l’extension du réseau TGV si l’on veut éviter la disparition de lignes nécessaires à l’économie des territoires les plus fragiles.
Il n’y aura pas d’augmentation “significative” des capacités routières et aéroportuaires “sauf pour raison de sécurité, de congestion ou d’intérêts locaux” … formule ambigüe qui permet toutes les interprétations. On sait déjà que les contournements autoroutiers des grandes agglomérations sont maintenus malgré leurs effets nocifs bien connus sur l’étalement urbain.



– Une écoredevance sur le trafic des camions sera imposée sur les routes nationales, mais pas sur les autoroutes : son produit pourra atteindre un milliard d’euros par an et sera affecté aux investissements alternatifs à la route. Le développement des autoroutes ferroviaires et maritimes sera facilité.
– Une “écopastille” annuelle découragera l’achat des véhicules individuels les plus gros émetteurs de CO2.
– Les collectivités locales pourront instaurer des péages urbains, mais rien n’a été dit de la décentralisation de la gestion du stationnement, de l’extension du versement transport des entreprises ou du renforcement des pouvoirs des autorités intercommunales.
– Alors que l’opinion n’avait pas manifesté son hostilité, une réduction de 10 km/h des vitesses sur les routes et autoroutes a été écartée sous la pression des parlementaires UMP, malgré son caractère très pédagogique et son efficacité pour améliorer la sécurité et limiter les émissions de CO2. Le code de la rue n’a pas été mentionné.
– Enfin une taxe carbone est “mise à l’étude”, elle devrait être compensée par une baisse d’autres prélèvements obligatoires. Elle se traduirait en particulier par une hausse de la TIPP et une taxation du kérosène.
Le dispositif retenu par le Chef de l’Etat constitue une avancée, mais bien des incertitudes subsistent et les mesures fiscales les plus susceptibles de réorienter les comportements individuels restent à prendre.



Et le pétrole ? Et l’endettement ?


Curieusement, alors que les dangers qui pèsent sur le climat ou la biodiversité ont été longuement analysés lors du récent Grenelle de l’environnement, les risques économiques liés à la dépendance pétrolière et à l’endettement de notre pays n’ont guère été évoqués.
Mais le pétrole s’est rappelé à notre bon souvenir dès le lendemain. Le prix du baril s’est à nouveau envolé, évolution que l’appréciation de l’euro par rapport au dollar n’a que partiellement compensée. Et les experts de l’Energy Watch Group, qui ne sont pas des collégiens, ont publié une étude selon laquelle la moitié des réserves pétrolières de la planète seraient déjà épuisées.
On peut estimer que leurs affirmations sont trop alarmistes mais, même si le “pic de Hubbert” (1) n’intervient que dans dix ou vingt ans, leur avertissement ne peut être pris à la légère.
Quant au lourd endettement de notre pays, que nos descendants devront assumer, il semble qu’il ne préoccupe pas grand monde : à grands coups de traits sur la carte, on envisage allègrement une multitude d’infrastructures de transport – autoroutes et rocades urbaines, lignes à grande vitesse, canal à grand gabarit – sans réflexion sur leur véritable utilité et leur degré d’urgence.
Paraphrasant l’ancien premier ministre Antoine Pinay qui parlait, lui, de l’inflation, on peut dire que “l’endettement, c’est faire des investissements inutiles avec de l’argent qu’on n’a pas”.
Climat, pétrole, endettement : il est grand temps de prendre en compte ces lourdes contraintes et d’accentuer les orientations dessinées lors du Grenelle de l’environnement.
– Les projets autoroutiers et aéroportuaires doivent être explicitement abandonnés. D’autres infrastructures a priori plus vertueuses, canal Seine Nord ou LGV d’intérêt douteux, doivent être mises de côté au bénéfice d’une régénération du réseau ferré classique.
– Les modes alternatifs à la route et à l’avion doivent être développés de manière accélérée.
– L’étalement urbain doit être combattu autrement que par des discours.
– Enfin il est urgent d’introduire une taxation écologique des carburants.



Jean Sivardière


contact@fnaut.org


http://www.fnaut.asso.fr/

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