Il y aura bientôt cinquante ans, paraissait l’ouvrage Limit to Growth connu en France sous le titre Halte à la croissance ? mais aussi sous le nom de rapport Meadows. Il y était surtout question de croissance économique, d’une croissance allant plus vite dans quelques régions du Monde que la croissance démographique. Depuis la croissance économique s’est largement étendue à la planète et la croissance démographique s’est poursuivie.

Cette croissance démographique doit être interrogée globalement, pour les conséquences qui sont les siennes en matière de ressources et d’occupation d’espace.

Elle doit aussi être examinée quant à la répartition des populations. Elle a été présentée comme devant inévitablement aboutir, suivant la logique actuelle, à la constitution de mégalopoles souvent difficiles à gérer, constituant éventuellement des milieux propices au développement d’épidémies.

Ce scénario qui valait pour les pays en voie de développement s’avère aujourd’hui être être également valable pour les pays dits développés, dont la France. La pandémie a contribué à ébranler les certitudes quant à la qualité de vie dans les grandes villes de plus de 500 000 habitants.

Cette interrogation vaut pour une métropole comme celle de Lyon, pour laquelle le Schéma de Cohérence Territoriale de la région lyonnaise, inspiré par l’État, prévoit une croissance de 150 000 habitants de 2010 à 2030.

Contradictions inextricables

Or cette croissance génère des contradictions inextricables. Il faut densifier la population, l’habitat, tout en protégeant les espaces naturels et les espaces agricoles alors qu’on multiplie les infrastructures, zones industrielles et tertiaires pourvoyeuses (si possible) d’emplois, les zones commerciales et de loisirs, temples de la consommation. Sans parler des ghettos, de l’économie souterraine, de la pollution et de la demande énergétique d’un territoire devenant définitivement et d’une manière colossale, à « énergie négative ».

Tout cela est trop pour ce territoire : impossible de garantir la qualité de vie, et la préservation de son cadre.

Fixer des plafonds de population

Il faut donc fixer aux métropoles des plafonds de populations à ne pas dépasser. En commençant par Paris, et décentraliser, comme on l’a fait dans les années soixante, les sièges de grandes agences (Insee, CNRS, Inserm) ou de grandes entreprises publiques. On peut imaginer la décentralisation de grandes institutions (Conseil d’État, Conseil Constitutionnel). En Allemagne, Karlsruhe (300 000 habitants) abrite le siège du Tribunal constitutionnel fédéral et de la Cour fédérale de justice.

Pour la Métropole de Lyon, la jauge est largement atteinte. Il faut rappeler que les arbres ne montent pas jusqu’au ciel. Que la croissance du prix de l’immobilier jusqu’à des niveaux stratosphériques n’est pas un indicateur de richesse. Il faut arrêter d’insuffler la croissance avant tout dans les métropoles. Et au contraire l’orienter vers des villes petites et moyennes. C’est ce qui a été esquissé, avec les actions « Petites villes de demain », avec sans doute une grande dispersion, ou encore avec les opérations Cœur de Villes, soutenues par l’État, la Caisse des Dépôts/Banque des Territoires, la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Mais il faut évidemment pour attirer des habitants d’une manière durable, des emplois solides. Il faut imaginer des stratégies industrielles, comme celle engagée par l’opération « Territoires d’industrie », réelle, qui doit être intensifiée.

C’est la condition d’une croissance démographique répartie, harmonieuse, garantie d’une réelle qualité de vie retrouvée.