Les réseaux sociaux numériques sont parfois une bonne chose, souvent la pire. L’explosion hystérique d’une partie minoritaire de l’opinion autour de la hausse du prix des carburants illustre ce nouveau dérapage incontrôlé démocratiquement, qui met en danger des décisions prises par un gouvernement légitimement élu dans les urnes.
Cinq millions (qui prouve ce chiffre ?) de “gilets jaunes”, promettraient de bloquer le pays dans un mouvement qui a pris comme en trainé de poudre.
Premier constat, il y a quelques semaines lorsque le changement climatique était sous le feu de l’actualité, on avait assisté à une mobilisation en faveur de la planète. Et puis plus rien. Heureusement, la hausse annoncée justifiée du prix des carburant arrive. L’information chasse le réchauffement climatique.
La démagogie envahit les réseaux, les radios et les écrans. BFM TV interroge une jeune femme qui a lancé une pétition et assure qu’il n’y a pas de salut hors du véhicule à essence ou diesel. Le véhicule électrique, explique cette ignorante à qui on donne une large audience, c’est de l’électricité nucléaire et du charbon. C’est un mensonge. C’est ignorer qu’en France, le charbon a presque disparu, c’est ignorer que le nucléaire est reconnu comme plutôt positif pour le climat.
Les médias se gardent bien de rappeler les priorités environnementales, pour la qualité de l’air. Le gouvernement a beau rappeler que la mauvaise qualité de l’air entraine plus de 40 000 décès prématurés chaque année dans le pays, et entraine des problèmes pour les enfants. Le gouvernement a beau rappeler les mesures qu’il prend en faveur du changement de véhicules, valables pour des véhicules d’occasion. Rien n’y fait.
Plusieurs de mes confrères, ne cherchent qu’à mettre de l’huile sur le feu. Ils soufflent sur les braises d’une future crise politique dont ils espèrent en esquissant un sourire qu’elle alimentera de nouveaux buzz, de faux suspenses éphémères, en renforcera leur audience.
Quelques dizaines de centimes par mois
Il faut expliquer que l’augmentation de 6,5 centime par litre pour le diesel, représente environ 35 centimes pour 100 kilomètres, soient 3,5 euros pour 1000 kilomètres. Il faut expliquer qu’une telle augmentation peut tout à fait être absorbée de plusieurs manières : une conduite plus économique, le respect des limitations de vitesse, dans les villes comme en rase campagne. Moins utiliser sa voiture, pour marcher, pour utiliser les transports en commun, covoiturer : les solutions sont là. Problème : elles sont gratuites et supposent à la fois un surcroît de responsabilité et de solidarité. Comme sont là des véhicules d’occasion à des coûts acceptables.
Dans le même temps, le marché automobile est porté par d’innombrables consommateurs. Sur ce marché, les véhicules plus gourmands en énergie remportent un énorme succès. Aucune publicité pour des automobiles ne met l’accent sur la consommation et sur la conduite écologique. Toute la communication automobile met l’accent sur la force de séduction de la voiture, sur la puissance, sur la liberté qu’offre une voiture qui traverse des paysages de rêves.
Plus grave, quand le budget transport représente 13 % en moyenne du budget des ménages, on oublie que le logement représente, lui, le double, 26 %. Et sur ce point, a rappelé ce mardi un chercheur de l’Ecole des Mines de Paris sur France Culture, la France détient le triste record en Europe. Le prix du logement, même quand il ne s’effondre pas, comme à Marseille, voilà le vrai problème français.
