Dans son discours lors de la présentation du rapport du Conseil d’Orientation des Infrastructures, Elisabeth Borne n’a pas prononcé un mot sur le transfert modal de la doute vers le rail, ni prononcé un mot sur l’Europe, autrement que pour citer l’Europe comme un co-financeur. Alors que les transports en région parisienne sont donnés comme modèle, l’ancienne présidente de la RATP n’a rien dit de la liaison européenne Lyon-Turin ni de l’importance du fret ferroviaire dans une perspective de réindustrialisation.
Elisabeth Borne, première ministre a présenté hier le rapport du Conseil d’Orientation des Infrastructures, la feuille de route décidé pour l’Etat. L’ancienne présidente de la RATP, à presque exclusivement mis l’accent, dans la version écrite de son discours ( seuls les propos faisant foi… ) , sur le transport de personnes, en n’évoquant le transport de marchandise » qu’à la fin de son propos, dans une formule révélatrice » enfin n’oublions pas le transport de marchandises » , un transport expédié, si l’on peut dire en deux lignes.
L’approche du secteur du transport, n’est à aucun moment globale dans le discours de la cheffe du gouvernement. Les transports sont la première source d’émission de gaz à effet de serre : un tiers du total, mais aucun chiffre n’a été rappelé, pour donner un peu de poids aux mots.
Ceux -ci privilégient d’emblée le » transport de personnes ». » De l’accès au travail jusqu’à nos services publics, de notre capacité à accéder
aux commerces, à la culture et aux loisirs, les transports façonnent notre vie de tous les jours…. Mais ils représentent en réalité bien plus encore. Ils structurent notre pays et sont le reflet de défis de notre société, comme la qualité de nos services publics, ou la cohésion entre ruralité et métropoles. … … Les transports ont toujours été synonymes de liberté. Ils sont un des leviers de l’émancipation. S’ils ne sont pas là, trop rares ou que leur qualité fait défaut, ce sont autant d’assignations à résidence qui demeurent…. Les infrastructures doivent être pensées pour permettre à nos concitoyens de modifier leurs usages. Pour nos concitoyens, moderniser le réseau cela se traduira par davantage de trains, une meilleure ponctualité et des temps de parcours moins longs. C’est à ces conditions, et à ces conditions seulement, que le train sera pleinement une alternative attractive et crédible à la voiture.
Elisabeth Borne, affiche deux priorités. La première, c’est le développement des transports du quotidien. « Car en donnant accès à la mobilité, on peut résorber les fractures territoriales, rompre l’isolement, redynamiser certains territoires. » «
Priorité aux métropoles
En revanche la priorité est annoncée, des RER autour des Métropoles, ce qui revient à confirmer une métropolisation du pays, au détriment des territoires dépourvus de métropole. Sur 12 départements, Auvergne-Rhône-Alpes ne compte que quatre métropoles qui seront autant de petots » Paris, dotés d’un réseau en étoile.
» Au-delà de la poursuite des projets de lignes nouvelles engagés, cela passera par le déploiement des RER métropolitains, comme l’a annoncé le Président de la République. Ce chantier s’appuiera sur l’expertise de la Société du Grand Paris, la SGP. Au cours des 5 dernières années, elle a fait preuve de sa capacité à mener le plus le plus grand projet d’infrastructure et d’aménagement d’Europe, en maîtrisant les coûts et en maintenant un lien permanent avec les élus. »
Modèle parisien…
Le CV de la première ministre remonte à la surface. » Pour atteindre notre ambition, nous aurons besoin de dispositions législatives nouvelles, notamment pour élargir les missions de la SGP. Aux côtés de la SNCF, la SGP mettra ses compétences au service des régions et entamera dès le mois de mars des discussions avec les exécutifs locaux concernés pour déterminer le calendrier, les modalités opérationnelles et de financement pour les nouveaux projets de RER métropolitains. »
Le fret non prioritaire
Les infrastructures doivent être conçues pour permettre l’intermodalité, souligne la première ministre qui n’évoque pas une seule fois le transport routier de fret, et ses externalités négatives, pourtant reconnues dans tous les pays.
A la fin seulement de son propos, comme elle l’avoue elle même, la première ministre évoque, sans plus, le transport de marchandises » Enfin, nous n’oublions pas le transport de marchandises, qui représente une part importante des émissions du secteur. Nous avancerons dans sa décarbonation par la modernisation du réseau ferré, bien sûr, mais aussi des investissements pour la régénération du réseau fluvial,
pour la modernisation des grands ports, et en facilitant les connections entre les différents réseaux . Je peux donc d’ores et déjà vous dire que nous renforcerons nos investissements pour mieux entretenir et moderniser notre réseau routier national.«
Ce qui est aussi, le signe d’une profonde contradiction, signe d’une incompréhension profonde des enjeux. Les mots d’industrie, de réindustrialisation, d’usines, de production sont totalement absent. Il faudrait donc des usines, mais pas d’investissements massifs pour le fret…
Un autre oubli est révélateur, l’absence de connexion à la stratégie européenne des transports, si urgente elle-même, l’Union européenne n’étant évoquée que comme un source de financements.
La conclusion du propos gouvernemental est révélatrice du fond de la stratégie de l’Etat. » La décarbonation de la voiture, le soutien massif au ferroviaire, l’amélioration des réseaux existants et la priorité aux transports du quotidien, c’est tout notre engagement depuis 2017, et toute notre ambition pour les années à venir… … nous offrirons aux Françaises et aux Français les transports qu’ils attendent, qu’ils demandent, qu’ils méritent. et je vous confirme que les personnes éligibles pourront, à compter de l’automne, réserver leur véhicule, qui leur sera livré en 2024…