L’Observatoire des Grands fleuves lancé à Lyon réunit les représentants des cours d’eau le long desquels vivent des centaines de millions de personnes. Le changement climatique risque de perturber davantage des milieux souvent fragiles.
Les grands fleuves sont les oubliés du changement climatique. Qui dit réchauffement dit atmosphère, dit précipitation, sécheresse, montée des mers. Personne ne pense spontanément aux fleuves qui pourtant seront impactés par le réchauffement.
L’Observatoire international des initiatives pour l’avenir des grands fleuves, lancé ce jeudi à Lyon veut remettre les cours d’eau dans l’agenda du Climat. Les participant réunis pendant trois jours à Lyon, entre Saône et Rhône, ont partagé avec passion leurs expériences. Les conclusions de leurs travaux seront transmises à Laurent Fabius, Ségolène Royal et Laurence Tubiana, en charge de l’organisation de la Conférence des Parties sur le Climat qui se déroulera à Paris à partir de la fin de novembre.
L’impulsion a été donnée par Elisabeth Ayrault présidente et directrice générale de la Compagnie Nationale du Rhône, la seule entreprise au monde dont l’objet embrasse la mise en valeur du fleuve pour la production d’énergie, la gestion du risque inondation, l’irrigation, le transport fluvial et l’aménagement de zones d’activité. La CNR produit de l’électricité photovoltaïque ou éolienne, re-nature les milieux, finance avec Rhône-Alpes la Via Rhôna, équipe des stations de recharge pour véhicules électriques.
“‘ Les professionnels invités ont répondu spontanément.” se réjouit Elisabeth Ayrault. Rien ne réunissait les autorités en charge des transports fluviaux, de la production d’énergie, de prévention des inondations. Dans de nombreux pays, les fonctions sont séparées. Le sentiment d’appartenance à une communauté a été naturel.
Les enjeux sont considérables pour les 14 fleuves concernés (1). D’ores et déjà les fleuves sont touchés par les pollutions industrielles et urbaines, les risques de crues, les effets non maîtrisés des grands barrages, qui bloquent les sédiments et réduisent les débits. Les fleuves sont sources de tensions. “Il n’existe pas , souligne Elisabeth Ayrault, de droit international pour la gestion des fleuves.”
Or, les changements climatiques affecteront les fleuves et les populations qui vivent sur leurs rives. Plus que jamais, les fleuves, leur gestion, leurs impacts seront le reflets des sociétés humaines. Erick Orsenna, veut faire partager cette prise de conscience “ Les fleuves sont des chemins qui marchent.” rappelle l’écrivain qui a publié Fleuves, un journal de voyage sur de grands fleuves. Pour Erick Orsenna, il faut prévoir les répercussions du changement climatique, faire en sorte que les états de l’amont à l’aval coopèrent. Personne ne doit être privé d’eau ni périr sous les crues.
C’est un réseau d’échange d’expériences qui s’est formé. ” Personne ne donne de leçon, nous avons tous à apprendre les uns des autres “ souligne Elisabeth Ayrault. Le réseau tiendra deux sessions par an, une en France et l’autre à l’étranger. La prochaine session aura lieu à Montréal en 2016 sur les rives du Saint-Laurent.
- le Parana et le Moroni en Amérique du Sud ; le Mississippi et le Saint Laurent en Amérique du Nord; le Nil et le Sénégal en Afrique ; le Fleuve rouge, le Fleuve Jaune, le Mékong et le Gange en Asie ; l’Elbe, le Danube, la Volga et le Rhône en Europe.