Le 19 décembre a été ouverte l’enquête publique sur le projet de remplacement des téléskis du Glacier de la Girose par un téléphérique sur la commune de La Grave . Mountain Wilderness estime que même revu à la baisse, le projet avec ses volets immobilier et stationnement, ne va pas dans le sens d’un tourisme respectueux de la montagne naturelle et protégée ouverte à tous.
Mountain Wilderness, rappelle qu’elle s’est, avec d’autres organisations positionnée de longue date pour que cette partie du glacier de la Girose » soit préservée d’aménagements lourds et que soit conservé cet « esprit des lieux » qui font de La Grave un site pas comme les autres. »
Ces alertes ont conduit, estime l’association à une modification majeure du projet de Schéma de cohérence territorial ( SCOT ) du Briançonnais. Le Schéma prévoyait initialement la liaison du domaine skiable de La Grave avec celui des Deux Alpes et la construction d’un restaurant panoramique à 3600 m d’altitude, à l’arrivée de ce troisième tronçon (le T3). Les interventions, en particulier lors du passage du dossier devant le Comité de Massif, ont conduit à ce que le projet de liaison inter-stations et de restaurant soient abandonnés, ainsi qu’à l’interdiction de « tout aménagement du site skiable qui s’inscrit dans la logique du domaine de la Meije, une pratique du ski en site de nature. »
Les finalités n’ont pas changé
Toutefois, souligne Mountain Wilderness, » si les finalités du projet ont été revues à la baisse, ce n’est pas le cas de l’équipement prévu, qui reste lourd, cher et impactant. Car quoi qu’il en coûte, les porteurs et financeurs du projet ont des objectifs qui sentent bon la course en avant au plus gros équipement : « Nous serons le deuxième plus haut sommet des Alpes accessible en téléphérique », « on a ainsi dans la Région un site comparable à l’Aiguille du Midi à Chamonix ou au Pic du Midi dans les Pyrénées ».
Pour l’association, le projet de nouveau tronçon de téléphérique ne serait que « l’arbre qui cache la forêt » : » la finalité de l’opérateur et de la municipalité de La Grave est bel et bien une urbanisation du site, avec notamment un parking de 300 places et la construction d’au moins une résidence de tourisme. »
Les réflexions et étude menées depuis l’adoption du SCOT en particulier de la part du collectif La Grave Autrement, démontrent selon Mountain Wilderness » qu’une autre voie est possible, en évitant de recourir à ces folles dépenses et en proposant une offre de découverte du milieu glaciaire depuis 3200 m, à l’arrivée du deuxième tronçon. L’étude effectuée par des cabinets indépendants avec un financement participatif et de mécènes, rendue publique en septembre dernier, démontre très clairement la fragilité économique du projet de télécabine.
La montagne autrement
Pour l’association, se développe une nouvelle demande de découverte de la montagne, plus naturelle, plus sauvage, moins défigurée. Respect du milieu, meilleure résilience au changement climatique, réponse aux attentes des visiteurs qui, de simples consommateurs, expérimentent un autre rapport à la montagne. Ces « nouveaux » pratiquants deviennent ainsi plus conscients et respectueux d’un site exceptionnel aux portes de la zone cœur du Parc national des Écrins. Avec une démarche totalement en phase avec le projet « village d’alpinistes » qui fédèrent les grands sites de l’alpinisme européen et qui respecte l’inscription de l’alpinisme au patrimoine immatériel de l’UNESCO.
Protection d’une espèce nouvelle
La découverte récente d’une plante rare et protégée, dans le périmètre d’implantation du pylône intermédiaire du T3, rebat les cartes. Non prise en compte dans le dossier mis à l’enquête publique, ces végétaux découverts sur l’îlot rocheux à 3350 m d’altitude sur lequel serait implanté le pylône, s’avère être l’androsace du Dauphiné (Androsace delphinensis) récemment décrite comme une espèce nouvelle pour la science, protégée au niveau national.
Les travaux de construction de ce pylône ne pourront donc être lancé sans une procédure de demande de dérogation « espèces protégées ». Or, on l’a vu récemment à plusieurs reprises : les tribunaux administratifs considèrent que seule l’existence d’une raison impérative d’intérêt public majeur permet de déroger à l’interdiction de destruction des espèces protégées posée par l’article L. 411-1 du code de l’environnement.
La COP de Montréal a alerté : 75% de la surface terrestre sont « abîmés » par les activités humaines; les extinctions et menaces sur la biodiversité se multiplient 1000 plus vite que lors des précédentes crises sur Terre. » En montagne, nous avons la chance d’avoir encore des terres d’altitudes joyaux de beauté, de vies sauvages, des terres d’exceptions pour vivrLe temps des nouveaux aménagements lourds en montagne est révolu. Nous ne pouvons plus, nous ne devons plus relancer de nouvelles artificialisations de nos sommets, de nos glaciers, de nos rivières. Le tourisme de montagne doit se réinventer, tout comme les manières d’habiter la montagne pour sortir de la prépondérance d’activités dépendantes du tourisme. »
PARTICIPEZ A L’ENQUÊTE PUBLIQUE : l’enquête publique. Elles souhaitent que tous les amoureux du site viennent s’exprimer sur l’existence d’alternatives à cette extension d’un autre temps.