Il y a bientôt un an la municipalité stéphanoise, propriétaire de l’équipement dont elle délègue l’exploitation à une association, a annoncé à son délégataire son intention, dans un souci d’économie, de diminuer par deux la subvention d’équilibre de 480 000 euros qu’elle lui verse annuellement. Cette subvention représente presque 70% du budget de l’Astronef, qui était de 700 000 euros en 2009.
Le reste, soit un peu plus de 30% est assuré par l’activité propre de l’équipement: billetterie ( 32600 spectateurs accueillis en 2009, avec une petite salle de seulement 80 places, et même 35 300 si on ajoute les animations réalisées par ‘Astronef à l’extérieur de ses murs ; 35% de ces spectateurs sont des Stéphanois et 60% des habitants de l’agglomération stéphanoise, et 40% sont des scolaires. ) et vente clé en main des spectacles produits en interne. Cette activité de conception et production de spectacles scientifiques pour planétariums est la grande spécialité de l’équipement stéphanois, qui à ce jour a vendu plus de 50 licences de droits d’exploitation de ses créations à 25 planétariums situés dans 11 pays.
“jugés uniquement sur des critères économiques”
“Nous sommes un équipement culturel (1), et c’est une performance pour un équipement culturel d’arriver à s’autofinancer à hauteur de plus de 30%. Nous n’avons pas à rougir de nos résultats par rapport aux autres équipements culturels de la région”, lance Jacques Guarinos, le directeur de l’Astronef, par ailleurs docteur en astrophysique, “mais nous ressentons que l’Astronef est jugé et évalué exclusivement sur des critères économiques, comme n’importe quelle fabrique de boulons…”
Face à l’émotion soulevé par l’annonce de cette restriction budgétaire , la ville de Saint-Etienne a commandé un audit en vue de l’établissement d’un nouveau cahier des charges pour le délégataire, la délégation de service public actuelle, prolongée par avenant, arrivant à son terme le 31 mars 2011.
Le 14 octobre 2010 l’équipe de l’Astronef a rencontré l’adjointe à la culture de la municipalité stéphanoise , et se dit “encore plus inquiète” après ce rendez-vous. Jacques Guarinos: “le diagnostic de l’audit est fait mais pas les préconisations du nouveau cahier des charges. Notre futur est fixé jusqu’au 31 mars 20111, après, on ne sait pas… On nous dit que le Planétarium coûte cher, que nos productions ont un coût trop élevé et qu’il y a trop de charges de personnel (NDLR: l’équipe du Planétarium compte 10 salariés , soit 8,5 équivalent temps plein). Mais nous sommes un équipement culturel de diffusion de la culture scientifique et nous contribuons au rayonnement de la ville et à l’attractivité du territoire. Nos productions sont vendues à de nombreux planétariums dans le monde, jusqu’en Corée du Sud.”
La création remise en cause?
“Nous sommes prêts, et nous l’avons dit, à faire un effort solidaire pour participer à la réduction des dépenses de la ville, mais une réduction de moitié de la subvention de la ville est difficile à admettre car on a le sentiment de bien faire notre travail. Aux planétariums de Capelle-la-Grande près de Lille ou à Montpellier, les gens viennent voir nos spectacles , ça nous rend fiers et heureux de contribuer au rayonnement de Saint-Etienne. Sans compter que si on ne doit plus faire de création, ce qui est quand même le propre d’un équipement culturel et qui était d’ailleurs jusque là imposé par notre cahier des charges, c’est aussi une source de recettes avec la vente des spectacles qui va se tarir. C’est comme si on demandait à un grand théâtre de Saint-Etienne de ne plus passer que des spectacles achetés ailleurs clé en main …”
L’association gestionnaire de l’Astronef, composé de 12 bénévoles, tous issus du monde scientifique ou de l’éducation se dit aujourd’hui totalement solidaire des salariés de l’Astronef. Elle insiste sur se compétence et sur son leadership reconnu au niveau européen. Son président Jean Bonnevial ancien directeur départemental de Météo-France déclare: ” Si à l’avenir l’Astronef devait perdre ses qualités d’équipement de culture scientifique reconnu et devenir juste une salle de projection, il est évident que ça ne nous intéressait pas…La création c’est la base de la culture. On est leader dans ce domaine, on a les compétences scientifiques et techniques pour le faire, et c’est ce qui fait la motivation de l’équipe”
H.C. / henricolomb@yahoo.fr