La présentation récente de l’autorail à hydrogène a immédiatement suscité l’intérêt des responsables nationaux et régionaux des transports. Mais pour la Fédération nationale des Associations d’Usagers des Transports, une contre-expertise du rapport Simian est nécessaire. Enviscope publie ci-dessous, la position de la Fédération.
Selon le rapport Simian, le train à hydrogène disposerait de deux atouts majeurs :
– il serait « 100 % écologique » puisqu’il n’émettrait « que de la vapeur d’eau » (ni particules, ni CO2) ;
– son utilisation permettrait d’éviter l’électrification coûteuse des « petites lignes » ferroviaires.
Mais les nombreux handicaps de ce train ne peuvent être ignorés
– La traction à l’hydrogène est-elle vraiment écologiquement performante ? Elle n’est « verte » que si l’électricité utilisée est elle-même « verte », c’est-à-dire produite en utilisant des énergies renouvelables.
– Le train à hydrogène a-t-il la puissance nécessaire pour franchir les fortes rampes des « petites lignes » non électrifiées, situées le plus souvent dans des régions montagneuses ?
– Comment maintenir ces « petites lignes » si leurs coûts d’exploitation par la SNCF, déjà prohibitifs, risquent d’augmenter avec l’introduction de la traction à l’hydrogène ?
Faut-il faire du train à hydrogène une priorité ?
Le rail est responsable de moins de 1 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports, et 20 % seulement du trafic ferroviaire (chiffré en trains.kilomètre) est à traction diesel (75 % pour le TER, et 25 % pour le fret). Quant à la pollution de l’air, le rail n’est responsable que de 2,7 % des émissions de particules fines du secteur des transports, et 25 % seulement des circulations TER diesel s’effectuent en milieu urbain.
Si les émissions de CO2 et la pollution de l’air par les TER doivent être traitées avec sérieux bien qu’elles soient marginales, c’est la lutte contre la pollution routière par report du trafic sur le rail qui est urgente.
Le matériel roulant TER : un faux problème
L’enjeu des « petites lignes » n’est pas le matériel roulant, mais la dégradation des infrastructures et leur abandon par SNCF Réseau, et la permanence de la politique malthusienne de SNCF Mobilités, qui bloquent la croissance de la clientèle (ralentissements, offre squelettique).
Le financement de l’expérimentation du train à hydrogène ne doit pas faire obstacle aux améliorations des infrastructures prévues dans le cadre des Contrats de Plan Etat-Régions.
Le train à hydrogène est une technique encore mal maîtrisée qui doit être expérimentée avec prudence. L’engouement prématuré qu’il suscite chez les décideurs politiques risque de retarder l’adoption de solutions éprouvées. Il a déjà provoqué l’abandon injustifié de l’électrification programmée de la ligne Auxerre – Laroche-Migennes, qui aurait permis de créer rapidement des relations directes Auxerre-Paris et d’améliorer ainsi la qualité du service offert aux usagers.