Le retour au 90 km/h sur les routes secondaires dans les départements, a privilégié des gains de temps minimes, mais ignoré la dépense énergétique et les impacts environnementaux.
Aujourd’hui, 45 départements ( 1) , soit près de la moitié des 96 départements français ont remis en place la limitation de vitesse à 90km/heure. Petit à petit, des départements sont revenus sur la décisions du Gouvernement.
L’argument principal de l’Etat avait été la sécurité routière. Alors que les » Gilets jaunes » avaient enflammé le pays, la vitesse étaient devenu un enjeu. Les élus des Départements s’en sont emparé. Ils ont surtout mis en avant l’inégalité en matière de transports en commun, entre les villes et les campagnes, et les contraintes qui pèsent sur les habitants de ces dernières, faute de trains ou de cars.
Depuis, les prix de l’énergie ont explosé. Les déplacements coutent cher, les budgets des ménages dans les campagnes et petites villes sont impactés. Des mesures sont prises pour atténuer ce choc, souvent injustes car les réductions de prix des carburants, bénéficient à tout le monde, aux plus riches comme aux plus pauvres, pour les loisirs comme pour le travail.
A cette injustice qui n’est pas prise en compte, il faut ajouter l’urgence d’une réduction de la consommation d’énergie, pour des raisons climatiques.
Ces élements récents et objectifs, auraient du pousser les départements à une position raisonnable. Ils auraient du maintenir le 80 km/h partout, en mettant en avant l’environnement, le climat, la protection de leur cadre de vie.
L’honnêteté et non la démagogie aurait du rappeler que rouler à 80 km/h permet de consomme dans tous les cas moins de carburant que de rouler à 90 km/h. Si rouler à 80 km/h entraine une baisse de la consommation du carburant, alors l’impact économique direct qui en découle est l’économie financière de ce carburant. Dans une note adressée par la Sécurité routière aux préfets en décembre 2017, l’abaissement de la vitesse à 80 km/h permettrait une économie de 120€/an en moyenne en carburant.
Qui dit moins de consommation de carburant dit moins de pollution. Le service d’études sur les transports, les routes et leurs aménagements (Sétra) a publié en novembre 2009 une étude sur les Émissions routières de polluants atmosphériques. Dans cette étude, sont analysées les émissions de d’Oxyde d’Azote (NOx) pour des véhicules légers (VL) en fonction de la vitesse. Or la santé, est un élément à prendre en compte au même titre que la sécurité.
Les élus ont souvent mis en avant le temps précieux que ferait gagner la vitesse à 90 km/h. En réalité, rouler à 80 au lieu de rouler toujours à 90 km/h sur les routes secondaires entrainerait les pertes de temps suivants :
- 45 secondes sur un trajet de 10 kilomètres ;
- 2 minutes sur un trajet de 25 kilomètres ;
- 3 minutes sur un trajet de 40 kilomètres.
Sachant que la vitesse de 90 km/h n’est pas toujours la vitesse effective, le gain de temps réel est moindre. Justifie-t-il son impact sur l’environnement et sur les budgets?
Il aurait sans doute été préférable que les Départements consacrent les budgets utilisés pour changer des panneaux ( 60 000 euros en Ardèche) à d’autres améliorations des voiries.
1 ) Les départements qui sont revenus au 90 km/h : Ardèche, Puy-de-Dôme, Aveyron, Allier, Corrèze, Creuse, Cantal, Lozère, Orne, Seine-et-Marne, Côte-d’Or, Meuse, Sarthe, Haute-Marne, Marne, Haute-Saône, Charente, Calvados, Haute-Vienne, Maine-et-Loire, Tarn, Loiret, Gers, Hérault, Jura, Cher, Loir-et-Cher, Hautes-Alpes, Indre-et-Loire, Dordogne, Eure-et-Loir, Deux-Sèvres, Vosges, Charente-Maritime, Mayenne, Hautes-Pyrénées, Aube, Indre, Vienne, Isère, Saône-et-Loire, Haute-Loire, Bas-Rhin, Haut-Rhin, et bientôt l’Yonne