Le Conseil Economique, Social et Environnemental a adopté en plénière avec 153 voix pour, 17 abstentions et 1 voix contre, un avis critique sur le développement des métropoles tel que voulu ces dernières années. Les inégalités entre territoires n’ont pas cessé de croître. Le Cese demande à l’Etat de s’impliquer.
La métropolisation tant vantée depuis une dizaine d’années n’a pas donné les résultats escomptés. Il faut corriger le tir. C’est en substance et en termes choisis le contenu de l’avis voté par le Cese. Rapporté par Yann Lasnier (groupe des Associations) et Dominique Riquier-Sauvage (Groupe des Professions Libérales) l’avis a été élaboré par la Section de l’Aménagement durable des territoires, présidée par Eveline Duhamel (Groupe Entreprises)
Les métropoles ont connu un renforcement marqué dans les dernières décennies pour favoriser l’inscription de la France dans la mondialisation et contrebalancer la prépondérance de Paris. Mais ce modèle pas ou peu évalué porte des problématiques endogènes, comme le maintien de poches de précarités, et exogènes, en aspirant l’activité économique au détriment des villes moyennes.
Le Cese est prudent, diplomate et ne veut froisser personnes. Il critique cependant le mirage des métropoles. Les métropoles ont été « présentées par nombre d’économistes comme un vecteur privilégié de croissance, d’innovation et d’inscription dans la mondialisation ». Mais le Cese constate que la démonstration n’a pas été donnée. Les métropoles « suscitent l’intérêt, attirent, voire fascinent… mais la montée en puissance de certaines d’entre elles a contribué à nourrir dans l’esprit d’une partie de la population, le sentiment d’un accroissement des inégalités territoriales et du primat de l’urbain ».
Favoriser la péréquation
Le Cese formule 14 préconisations pour un développement équilibré du territoire et lutter contre les inégalités territoriales et leur aggravation, enjeu majeur de cohésion. Il préconise d’accélérer très fortement le développement du très haut débit dans tous les territoires et lutter contre « l’illectronisme » par un plan national de formation et d’accompagnement des populations.
Il préconise de reconstruire une dynamique forte d’aménagement du territoire qui suppose une implication forte de l’État, « garant et arbitre de la cohésion territoriale ». L’avis recommande d’amplifier la péréquation et les politiques nationales d’aménagement des territoires au bénéfice de ceux les plus en difficultés. Il demande de renforcer et améliorer l’accès aux services publics via un moratoire sur leur fermeture et d’instaurer un « socle » minimum de services publics.
Télétravail et bureau des temps
Les métropoles de droit commun disposent depuis la loi Maptam de compétences obligatoires en matière de développement et d’aménagement, de politique locale de l’habitat, de politique de la ville, de gestion des services d’intérêt collectif et de gestion des déchets. Il est nécessaire de rendre plus solide la gouvernance, par exemple en rendant obligatoire la réunion de la conférence métropolitaine des maires des communes membres au moins deux fois par an
Une meilleure coordination des transports, dans une optique durable, est donc une priorité. Des plans de développement des mobilités douces sécurisées sont nécessaires, comme le développement des transports en commun de proximité, le cas échéant en sites propres. Concernant les zones périurbaines, le Cese plaide pour promouvoir l’intermodalité (dont le fluvio-maritime) et pour mettre en place, en complémentarité avec les services ferroviaires, des lignes d’autocar reliées aux gares TER ou RER, ou des systèmes d‘autopartage et de covoiturage. Enfin, pour désengorger les métropoles, dont les voies de transport sont souvent saturées, le Cese propose de promouvoir le développement du télétravail et la création de bureaux des temps pour limiter les déplacements.