Le colloque organisé par l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée Corse a été l’occasion de diffuser des informations scientifiques sur les impacts déjà marqués du réchauffement sur le cycle de l’eau .
La température moyenne de l’air a augmenté de +1,8°C sur la période 1960-2020 dans le bassin du Rhône. Ce réchauffement , réchauffe l’eau des rivières, des lacs, des lagunes et de la mer, dégradant la qualité de l’eau et les habitats de la flore et la faune. D’après Météo France, les
températures pourraient augmenter de 2,3 °C d’ici 2050 sur le bassin Rhône-Méditerranée.
Par conséquence, en 60 ans, les sols se sont asséchés, en moyenne annuelle, de + 18% à + 37% selon les secteurs sous le double effet de l’évaporation de l’eau directement depuis les sols, et de la transpiration de la végétation. C’est à l’échelle mondiale l’un des secteurs où les sécheresses seraient les plus fréquentes et les plus marquées à l’horizon 2050.
Dans le bassin Rhône-Méditerranée, les précipitations annuelles n’ont pas significativement diminué entre 1960 et 2020. Mais les projections envisagent un bassin coupé en deux, avec une tendance sensible à l’augmentation au nord et à la baisse au sud. Les chutes de neige ont reculé en moyenne de 10% en 60 ans sur le bassin du Rhône. La fonte des neiges est avancée en moyenne de quatre semaines depuis les années 70 dans les Alpes. Les précipitations neigeuses en montagne diminueront au profit des pluies : de -20% à -40% selon les secteurs à l’horizon 2050.
Les glaciers régressent et disparaîtront progressivement d’ici la fin du siècle. Les glaciers suisses ont perdu 60% de leur volume depuis 1850, dont 10% lors des cinq dernières années. En Haute Savoie, les glaciers d’Argentière et de la Mer de Glace ont perdu respectivement 25 et 32% de leur épaisseur moyenne depuis le début du 20ème siècle.
Moins d’eau disponible en été
Les débits des cours d’eau et la recharge pluviale des nappes baissent en été. Quelle que soit l’évolution des précipitations, tous les territoires du bassin doivent se préparer à avoir moins d’eau disponible en été. Les suivis hydrométriques menés sur 60 ans montrent une baisse des débits estivaux sur l’Arve (-19%), l’Isère (-15%) ou le Rhône (de -7% à l’amont à -13% à l’aval). L’assèchement des sols se traduit également par une baisse de la recharge des eaux souterraines par les pluies et l’infiltration des cours d’eau.
Pour les crues, le GIEC prévoit une augmentation du risque d’inondation de +10% à 18% du débit de pointe centennal sur l’Europe de l’Ouest, ce qui est un espace assez large, qui ne prend pas en compte les spécificités locales. Le GIEC prévoit une augmentation de la fréquence et de l’intensité des fortes précipitations dans les régions alpines, en Europe de l’Ouest et sur le bassin méditerranéen. Les villes imperméabilisées seront plus exposées au risque d’inondation par ruissellement.
Les débordements des cours d’eau sous influence marine seront plus fréquents, en raison de l’élévation du niveau de la mer. L’élévation du niveau de la mer est d’ores et déjà constatée, de l’ordre de 20 cm entre 1901 et 2018 (+4 cm entre 2006 et 2018). Elle renforce les risques d’érosion et de submersion. Ce sera le cas sur le littoral méditerranéen en particulier sur la partie occitane. Les plages de Camargue connaissent déjà une érosion généralisée. La montée du niveau de la mer renforce également directement le risque de salinisation des eaux souterraines littorales.
