Saisi par des associations de protection de la nature, dont le mouvement France Nature Environnement, le Conseil d’Etat impose un moratoire de cinq ans sur la chasse du Grand Tétras, classé « vulnérable » sur la liste rouge française des espèces menacées. Malgré le déclin de ses effectifs, cette espèce était chassable dans les Pyrénées.
Constatant le déclin de l’espèce Grand Tétras (tetrao urogallus l., 1758), et » l’inaction des pouvoirs publics » , sept associations, dont France Nature Environnement) Midi-Pyrénées et FNE (France Nature Environnement), ont estimé qu’elles étaient obligées de saisir le Conseil d’État. Le recours au Conseil d’Etat était porté par FNE Midi-Pyrénées, FNE 65, Nature en Occitanie, Nature Comminges, Comité écologique ariégeois, Groupe ornithologique du Roussilong, FNE.
Par décision du 1er juin 2022, le Conseil d’Etat a ordonné au ministère de l’Ecologie d’imposer d’ici le 15 juillet 2022 un moratoire de cinq ans sur la chasse du Grand Tétras. La décision est justifiée par l’obligation de respecter les régles nationales et européennes en matière de protection de la biodiversité. Satisfaites de cette décision, les associations appellent en outre le ministère de l’écologie à prendre rapidement des mesures fortes pour stopper le déclin du Grand Tétras.
Cette victoire des associations s’inscrit dans une mobilisation de long terme pour préserver cette espèce et un long combat juridique commencé en 2008. Depuis 14 ans, 55 succès juridiques ont été obtenus par le mouvement associatif contre la chasse du Grand Tétras dans les départements pyrénéens (Ariège, Haute-Garonne, Hautes-Pyrénées, Pyrénées Orientales). En dépit de décisions, annulées d’une manière répétée, certains préfets s’obstinaient à reprendre des arrêtés illégaux chaque automne, sous la pression du monde cynégétique. Le ministère de l’Ecologie, rappellent les associations, restait silencieux et refusait de prendre des mesures pour mettre fin à la chasse du Grand Tétras sur le massif pyrénéen.
Le Grand Tétras (Tetrao urogallus L., 1758), aussi appelé « coq de bruyère », vit dans les forêts de conifères en altitude. En France, il est présent dans les Vosges, le Jura et les Pyrénées. La chasse en a été interdite dans les Vosges et le Jura en 1981. Dans les Pyrénées, malgré le déclin des effectifs divisés par cinq depuis les années 1960, le Grand Tétras restait chassable. Pourtant, il figure sur la liste rouge française parmi les espèces d’oiseaux menacées, avec le statut « vulnérable ».
Selon Jean-David Abel, responsable biodiversité de France Nature Environnement au niveau national et administrateur de l’Office Français de la Biodiversité : « il est grave que dans notre démocratie, pour faire respecter les préconisations des scientifiques et enrayer le déclin d’une espèce, les associations soient obligées de recourir pendant plus d’une décennie contre des arrêtés préfectoraux annulés les uns après les autres, en place des services en charge de la biodiversité qui devraient assurer cette protection, cela sans que les décideurs politiques n’entendent ni la voix de la justice ni celle de la science. »
Pour Thierry de Noblens, administrateur de FNE Midi-Pyrénées, et ancien président de notre fédération régionale: « Grâce à notre requête associative et à la décision du Conseil d’État, enfin un peu de répit pour cette espèce en grande difficulté. On peut espérer maintenant une mobilisation collective sur les autres facteurs de déclin du Grand Tétras, malheureusement fort nombreux, pour enfin permettre à ce magnifique oiseau de restaurer ses effectifs et maintenir sa viabilité dans les montagnes pyrénéennes. »
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