La France a perdu le « contrat du siècle » pour la vente de sous-marins à propulsion nucléaire à l’Australie. La compétition pour la vente d’armements est bien plus féroce que la compétition pour lutter contre le changement climatique.
Trente-quatre milliards d’euros sur 50 ans, mais en fait 8 milliards d’euros pour les seuls systèmes d’armement, c’est la recette espérée qui ne rentrera pas dans les caisses de la France. La France est trahie, le Gouvernement en appelle à l’aide européenne, fustige Canberra et Washington. Évidemment les enjeux industriels, les enjeux en termes d’emplois sont importants, comme les enjeux géostratégiques, en terme d’influence, de sécurité.
Mais l’énormité de la somme en jeu pousse aussi à s’interroger : à quelle époque sommes-nous ? En fait derrière l’affichage de papier de l’urgence climatique, c’est bien toujours l’influence militaro-industrielle qui projette sa silhouette.
Tous les pays, et plus concrètement, toutes les nations sont confrontées au changement climatique et à ses conséquences spectaculaires et dramatiques. L’Australie a brûlé sur 80 000 à 100 000 kilomètres carrés. Les États-Unis brûlent en Californie et la Floride, comme New-York essuient ouragans et pluies diluviennes. « La maison brûle et nous regardons ailleurs », disait Jacques Chirac.
Il serait judicieux de ne plus raisonner en silos, et de connecter les stratégies mondiales, en lançant le défi d’une course au désarmement parallèle à la course contre le changement climatique. Projet utopique, mais le plus long voyage commence par un pas. Les colossales dépenses mondiales consacrées à l’armement servent à assurer une sécurité alimentée souvent par le sous-développement sous toutes ses formes.
Évidemment la raison du plus fort est souvent la meilleure, sinon toujours. Mais l’Organisation des Nations-Unies qui affiche des objectifs pour le développement, pour le climat, pour la biodiversité, ne pourrait-elle pas afficher aussi des objectifs du Millénaire pour le désarmement ? En mettant les chiffres sur la table, en voyant les causes de l’insécurité, des guerres civiles ou non qui sont toujours convoitises de ressources, de territoires.
Le Gouvernement français pourrait prendre l’initiative en mettant en avant les besoins du développement, ses propres efforts. Et en montrant combien d’emplois pourraient être créés en mettant au point et en exportant des technologies de paix.