Dans » La Vraie histoire du gaz », Didier Holleaux expose avec science , rigueur et clarté. Directeur général adjoint du Groupe Engie, Didier Holleaux fort d’une expérience de trente ans dans le secteur gazier, a été directeur de cabinet d’un ministre de l’Energie.
Didier Holleaux ouvre son ouvrage passionnant, par un exposé technique très accessible dans lequel sont expliquées les unités de mesures, les équivalences, qui permettent de comprendre les étapes d’une histoire commencée avec l’exploitation de gaz émanant de marais, il y a très longtemps en Chine. Didier Holleaux rappelle comment on est passé du gaz de tourbe au gaz de ville, obtenu par chauffage de la houille, dans des usines à gaz qui ont alimenté l’éclairage des villes du début du 19ème siècle jusqu’au développement de l’électricité.
Des enjeux techniques et financiers
Il passe ensuite à la description des enjeux techniques et financiers des investissements gaziers, dans le gaz naturel tout d’abord. D’un côté les fournisseurs, qui exploitent les gisements, qui sortent le gaz, l’envoie dans des gazoducs. De l’autre les consommateurs, producteur d’électricité, mais aussi industriels et ménages.
Entre les deux des moyens de transports, qui nécessitent des investissements colossaux.
D’une part les réseaux de gazoducs, de transport et de distribution, de gros tuyaux qui traversent les continents et les mers. Des réseaux qui présentent l’inconvénient d’être fixes, onéreux et longs à construire, exposés aux risques de tous ordres, notamment géopolitiques, car passant dans des zones ou des pays incertains sur le plan politique et de la sécurité.
De l’autre moins connus, les techniques de transport du gaz naturel sous forme liquide. Le gaz, est liquéfié dans des usines de liquéfaction, est transporté par des méthaniers, arrive dans des usines de re-gazéification, pour être injecté sous forme gazeuse dans les traditionnels gazoducs. On l’a compris, le gaz liquéfié est plus facile à orienter sur le plan commercial, même dans le cadre de contrats d’achat et de vente.
A cette strate technique s’ajoute en effet la strate des contrats destinés à sécurisés des intérêts parfois opposés, ceux des producteurs, des transporteurs et des consommateurs. C’est là que le gaz crée de liens de dépendance, mais aussi des tensions.
L’arme du gaz russe
Ainsi, comme l’explique bien Didier Holleaux, l’Allemagne décida il y a plus de vingt ans, d‘acheter en grandes quantités du gaz russe. Elle pensait nouer ainsi un lien sur avec la Russie. Elle avait besoin du gaz russe pour son industrie, privée d’énergie nucléaire, et pensait-elle la Russie avait besoin de vendre son gaz. Or, l’Allemagne est devenue très dépendante , trop dépendante, du gaz russe devenu une arme. Les Russes ont appuyé sur la gâchette… Et l’Allemagne a dû accroitre encore l’utilisation du charbon pour produire de l’électricité, faisant exploser son bilan carbone.
L’Europe, et la France doivent donc apprendre la maniement du gaz. En diversifiant les approvisionnements, grâce au gaz liquéfié indépendant des gazoducs continentaux. Ainsi, au sud de l’Europe, l’Espagne bénéficie de nombreux gazoducs venant d’Afrique du Nord. Elle connait un excédent en capacité de transport et, 264 reçoit plus de gaz qu’elle en a besoin.
Mais comme faire circuler le gaz du sud au nord de l’Europe. C’est ce à quoi devait servir le projet Eridan et Est lyonnais porté par GRTgaz mené pendant plusieurs années. Ce projet concernant un gazoduc de transport remontant la vallée du Rhône et contournant l’agglomération lyonnaise à l’Est. Jusqu’au moment où le projet, après plusieurs dizaines de millions d’études, a été abandonné.
Il faut dire qu’entre temps, la géopolitique du gaz a évolué. En quête de sécurité, pour lutter contre le changement climatique, ont été décidées la réduction de la consommation, d’énergie, et le développement de la méthanisation, comme le développement du gaz hydrogène, les nouveaux chapites esquissés par Didier Holleaux.
La vraie histoire du gaz, Quand l’énergie devient une arme géopolitique Didier Holleaux, Le Cherche Midi Editeur, 264 pages, 19,80 euros.