La Cour avait traditionnellement l’habitude de jouer le rôle de pompier arrivant après l’incendie, lorsque le sinistre ayant tout consumé, il fallait mettre en garde contre de prochains sinistres. La Cour émettait des jugements qui était autant de mises en garde vite oubliées.
Aujourd’hui, la Cour crie “au feu!” avant qu’il soit trop tard en alertant sur les risques de sinistre économique provoqué par un lancement précipité du projet de liaison Lyon-Turin.
La Cour se garde bien se porter un jugement sur le bien fondé d’un projet mûri il y a déjà plusieurs dizaines d’années. Il est évident que plus d’un siècle et demi après les tunnels historiques, même si les technologies ferroviaires sont plus efficaces, si l’organisation du trafic doit être améliorée, un tunnel de base est une excellente initiative.
Un contexte changé
Mais elle prévient que le projet ne doit sans doute pas être lancé maintenant, dans la forme complexe et largement dépassée qui est la sienne, alors que le contexte économique a changé.
Certes nos voisins Suisses ont percé le tunnel du Loetschberg, et percent le tunnel du Gothard. Mails leur santé financière est meilleure, leur réseau ferré en bon état et ils ont voté en même temps que le projet de tunnel le financement qui y était attaché.
La France est le pays des projets sous évalués financièrement et non financés. Il n’est que de voir le projet de Musée des Confluences porté par le département du Rhône dont le coût est multiplié apr quatre depuis son lancement. Chez nos voisins helvétiques, le financement est décidé en même temps que la décision de construction, lors d’un même vote.
La Cour est légitime lorsqu’elle demande une évaluation indépendante de l’évaluation des promoteurs ou des supporters, qu’ils soient milieux économiques ou politiques. La séparation des fonctions est une garantie en matière de décisions comme en matière de pouvoir et en matière de comptabilité publique.
Evidemment, le projet Lyon-Turin n’a fait l’objet d’aucun débat public pour sa partie internationale, comme d’ailleurs pour les accès français. Le débat devrait donc avoir lieu au moins au Sénat et à l’Assemblée nationale pour la discussion de l’avenant au traité franco-italien. Des lieux que connait bien, Didier Migaud, président dela Cour des Comptes, jadis Député de l’Isère et Président de la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale.