Le projet de tiers lieu de la Borie, à Saint Jean du Gard, dans les Cévennes, illustre la multiplication des initiatives des acteurs d’une » société écologique post-urbaine. »
Guillaume Faburel, géographe, enseignant à l’Institut d’Etudes Politiques de Lyon, auteur d’ouvrage sur la » Pour en finir avec les grandes villes », est l’un des animateurs des Etats-Généraux pour une société écologique post-urbaine. Il relaie notamment actuellement, le projet de la Borie, un tiers lieu situé dans la commune de Saint-Jean du Gard, dans le département du Gard, au coeur du massif des Cévennes,
Pour Guillaume Faburel le lancement de ce projet et la souscription qui l’accompagne, est une des preuves d’un mouvement de fond en faveur d’un réaménagement du territoire, après deux siècles de déménagement vers de villes de plus en plus peuplées et étendues, enfin vers des Métropoles présentées comme des solutions aux défis d’une mondialisation fondée sur l’économie de marché capitaliste, ignorant les contraintes et les urgences environnementales et climatiques.
Guillaume Faburel, estime que le mouvement en faveur d’une occupation plus équilibrée du territoire, au plus près des ressources, des bio ressources, des ressources énergétiques (énergies renouvelables) est encore très éclaté, sporadique. Le mouvement entraine pour le moment des personnes et des groupes de sensibilité écologiste en premier lieu. Mais le mouvement s’étend, au gré d’une prise de conscience qui avance, de la nécessité de remettre en cause un mode de développement dévastateur et gaspilleur d’espaces et de ressources.
Une bonne partie des réflexions des débats, des décisions , concède Guillaume Faburel sont encore conditionnés par le fonctionnement centralisé de la France, des institutions, des lieux de recherche, des instances politiques, des lieux de réflexion. Mais le mouvement doit s’accélérer. En partant de la base.
Un lieu symbolique
Le site de la Borie est symbolique. Il a été le lieu d’une lutte contre la construction d’un barrage qui aurait dévasté la Vallée Française en Cévennes, à la limite du Gard et de la Lozère. Le but était alors l’irrigation des cultures du Bas-Languedoc. Il s’agissait aussi de sauver de la faillite la Compagnie Nationale d’Aménagement de la Région du Bas-Rhône et du Languedoc (BRL).
La mobilisation fut très importante, avec 80 % d’opposition au référendum proposé aux habitants des communes concernées de St Etienne Vallèe Française, de St Jean du Gard, de Mialet). L’abandon du projet fut l’une des premières victoires écologiques dans le domaine de la protection des cours d’eau.
Le site sauvegardé est mis en vente par la Mairie de Saint-Jean-du-Gard. Pour rendre à ce site sa vocation agricole, de lieu d’accueil et de partage, pour permettre à tous de se réapproprier cet espace, pour s’y promener, s’y baigner, et participer à une démarche de recherche d’auto-subsistance, a été créée la Société Civile Immobilière « SCI la Borie ». La SCI financera le projet de « Tiers-Lieu rural, La Borie » par l’achat et la mise aux normes de deux bâtiments placé à l’entrée de la Borie, siège la lutte contre le barrage, pour une somme évaluée à 350.000 euros.
L’association Terre de Liens achètera les terres et une des maisons pour y installer et loger deux agriculteurs qui ont déposé un projet agricole cohérent. Une des autres maisons sera achetée par un couple qui en est déjà locataire pour y poursuivre leur activité agricole…