La biomasse des organismes peuplant les grands fonds océaniques déclinera au cours de ce siècle de près de 38% dans l’Atlantique Nord et d’environ 5% à l’échelle de l’océan global. C’est ce que montrent Les travaux publiés en ligne le 31 décembre 2013 sur le site du Global Change Biology par des scientifiques français et brianniques.
L’étude menée conjointement par le Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (CEA/CNRS/UVSQ) et le National Oceanography Centre (Southampton, UK), montre que cette diminution est provoquée par une réduction des apports de nourriture depuis la surface de l’océan. Ces réductions touchent surtout des régions de forte biodiversité comme certains canyons et monts sous-marins. Ces changements risquent de bouleverser le fonctionnement de ces écosystèmes marins.
L’ étude repose sur la dernière génération de modèles du climat, en particulier le modèle développé à l’Institut Pierre-Simon Laplace, pour évaluer les altérations du transport de nourriture depuis la surface vers le fond des océans. Pour estimer l’évolution de cette biomasse.
Des projections issues de simulations climatiques ont été combinées à des relations empiriques entre apports de nourriture et biomasse des fonds océaniques. De nombreuses études climatiques suggèrent un ralentissement de la circulation océanique à grande échelle. La séparation serait accentuée entre les masses d’eaux de température ou de salinité différentes en réponse à un climat plus chaud et plus humide dans les hautes latitudes.
L’interaction entre le réchauffement et circulation océanique modifie le cycle des sels nutritifs et entraine une diminution des premiers maillons de la chaîne alimentaire océanique. Les ressources nutritives, constituées de résidus végétaux et animaux, qui descendent de la surface vers le fond diminuent ce qui affectant ensuite les organismes des grands fonds.
Les modifications de la biomasse ne sont pas homogènes à travers l’océan profond. Les projections indiquent une diminution de la biomasse pour la plupart des régions. Mais les réductions affecteront une fraction supérieure à 80% des habitats clefs, tels que les récifs de corail profonds, les monts marins et les canyons. L’analyse suggère également une diminution de la taille des organismes, ce qui pourrait avoir des conséquences sur la pêche profonde et contribuera à accentuer les effets d’une réduction des apports en nourriture.
michel.deprost@enviscope.com à partir du communiqué du CEA.