La perspective de l’utilisation volontaire d’une application permettant de suivre les personnes porteuses du coronavirus provoque une levée de boucliers d’opposants qui par ailleurs ne remettent pas en cause le traçage des données pratiqué à large échelle sur internet.
L’application Stop Covid étudiée par le Gouvernement sera discutée par le Parlement, et c’est normal. Pour se prémunir contre l’épidémie, il faut innover. Donc mettre en place des outils encore jamais utilisés qui viennent perturber les comportements individuels et collectifs, les cultures.
Il est évidemment légitime de demander des garanties sur l’utilisation des informations et des données personnelles. Celles-ci ne devront pas être versées dans d’autres bases de données, devront rester anonymes et être détruites dès qu’elles n’auront plus de raison d’être conservées.
Mais les opposants de principe à ce traçage, proposé par un gouvernement issu d’une majorité élue, se gardent bien d’évoquer les pratiques de traçage à large échelle déployées sur la Toile. Des réseaux sociaux, des sites commerciaux, des moteurs de recherche assoient tout ou partie de leur chiffre d’affaires sur le tracking du comportement des internautes.
Il leur est possible de tout connaître de nos interrogations, recherches, inquiétudes, de notre état de santé. L’ouvrage La Nouvelle servitude volontaire(1), décrit précisément les mécanismes de ce traçage discret et consenti, moins visible que celui mis en place en Chine par le président-empereur de l’économie montante.
Il y a heureusement encore en Europe une volonté de maîtriser le numérique. Le moteur de recherche franco-européen Qwant, ne trace pas les internautes, ce qui prouve que c’est faisable. Au même titre, il doit bien être possible de mettre en place un traçage volontaire sans servitude pour lutter contre le risque de propagation du Covid-19.
1) La Nouvelle servitude volontaire, Enquête sur la projet politique de la Silicon Valley, Philippe Vion-Dury, Editions FYP , 252 pages, 20 euros.