Réagissant à la prise de position d’élus en faveur de l’implantation de deux réacteurs EPR sur le site du Tricastin, les élus du groupe Rassemblement citoyen, écologiste, solidaire du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes estiment que cette implantation n’irait pas dans le sens d’une vraie transition énergétique.
Trente-trois élus locaux français, notamment de Drôme et d’Ardèche emmenés par Marie-Pierre Mouton, présidente du département de la Drôme, réclament l’implantation de deux réacteurs EPR sur le site du Tricastin. Dans une lettre au président d’EDF, ils soulignent que la programmation pluriannuelle de l’énergie publiée en 2020 prévoit qu’EDF construise de nouveaux réacteurs nucléaires pour compenser la fermeture éventuelle des réacteurs 900 MW et estiment que l’implantation de deux nouveaux réacteurs permettrait de « répondre aux enjeux nationaux d’énergie, aux exigences environnementales et aux savoir-faire de nos bassins de vie ».
Les élus mettent en avant les atouts du site : une réserve foncière techniquement validée de 135 hectares à proximité immédiate du canal Donzère-Mondragon, une situation géographique centrale entre les régions Sud et Occitanie Est permettant d’y développer davantage d’énergies renouvelables intermittentes, un vivier de compétences réelles avec la présence de nombreux prestataires du nucléaire et d’une offre de formation dans un rayon de 150 km, une bonne acceptation des populations, et l’ouverture en 2025 d’un nouvel échangeur complet autoroutier (A7) à proximité.
« Ces élus se trompent de siècle »
Pour Fabienne Grebert, présidente du groupe RCES et membre de la commission environnement du conseil régional, « ces élus, de tous bords confondus, se trompent de siècle. Le coût du nucléaire est bien supérieur à celui des énergies renouvelables. La Cour des comptes estime le coût de production des nouveaux EPR à 120 € le MWh tandis qu’on tourne autour de 60 € pour l’éolien et le solaire. Le chantage à l’emploi ne fonctionne pas. Les énergies renouvelables ont créé 250 000 emplois en Allemagne tandis qu’après 50 ans d’investissements massifs, le nucléaire emploie directement seulement 125 000 personnes en France. »
Florence Cerbaï, élue RCES de l’Ardèche estime que « construire des EPR en zone sismique et inondable n’est pas sérieux… Ces 33 élus n’agissent pas dans l’intérêt général de nos territoires : ils réfléchissent à court terme, c’est très électoraliste. On le sait, exploiter une centrale nucléaire près d’un fleuve pose problème avec le réchauffement climatique, le Rhône en sous-débit peine à refroidir les réacteurs. Il y a des conflits d’usage, une augmentation de la température du fleuve, une atteinte à la biodiversité. On ne peut ignorer cette réalité. »
Selon le groupe RCES « les sondages montrent que 53 % des Français sont opposés au nucléaire. Si on veut réaliser la transition écologique rapidement, on a bien autre chose à faire de ces 135 hectares qu’y déverser du béton pour y construire des EPR; nous avons besoin de plus d’agriculteurs, d’installer des ENR; pas d’un nouveau chantier catastrophique comme celui de Flamanville (surcoût, délais…), ni d’une nouvelle sortie d’autoroute ! »