Un projet de recherche piloté par l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne sur l’écosystème des fjords du Groenland doit permettre d’anticiper les besoins de la population locale qui vit principalement de la pêche. L’article ci-après est écrit d’après un communiqué de l’Ecole.
La région des fjords, au sud-ouest du Groenland, territoire appartenant au Danemark, est entourée d’eaux très riches en nutriments, poissons et vie aquatique. Les habitants vivent depuis des siècles surtout de la pêche. Mais réchauffement climatique entraine une rapide transformation de cet écosystème, posant d’important défis aux populations.
En fondant, les glaciers déversent dans les mers des eaux chargées en nutriments nouveaux pour le phytoplancton. L’écosystème marin change la formule chimique de l’atmosphère et en se réchauffant, favorise la formation des nuages qui modifient les radiations du soleil et la fonte des glaciers.
Les stocks de poissons pourront-ils subvenir aux besoins d’habitants qui vivent principalement de la pêche? C’est l’une des questions auxquelles doit répondre le programme de recherche «Green Fjord» . Lancé le 1er mars 2022, il constitue l’un des deux projet-phares de l’Institut suisse polaire prévu d’ici à 2025.
Julia Schmale, professeure assistante à l’EPFL Valais Wallis, mènera cette recherche de terrain pendant 4 ans, en réunissant des chercheuses et chercheurs de l’Université de Lausanne, de l’ETH de Zurich, de l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage WSL et de l’Université de Zurich, avec le soutien du Swiss Data Science Center.
«Nous collaborerons avec les communautés locales pour comprendre l’impact du changement climatique sur elles, ce qui constitue pour nous un aspect très important du projet», explique Julia Schmale, membre à l’EPFL de la Faculté de l’environnement naturel, architectural et construit (ENAC).
Des entretiens avec la population s’ajouteront aux mesures climatiques de terrain, afin d’évaluer leurs besoins actuels et futurs et leur dépendance à l’écosystème des fjords. Ce volet humain est l’un des six clusters de recherche qu’aborderont les scientifiques avec la cryosphère, l’océan, l’atmosphère, le sol et la biosphère. L’étude de la cryosphère mesurera le processus de retrait des glaciers et son effet sur la dynamique marine des fjords et la circulation des nutriments. L’étude de l’océan se consacrera aux caractéristiques physiques, biogéochimiques et microbiologiques des fjords liés aux glaciers marins et terrestres, afin d’anticiper les changements à venir. Ces recherches seront effectuées grâce à un bateau équipé d’instruments de mesure de pointe.
Pour le groupe de recherche dédié à l’atmosphère, une montgolfière aura pour objectif d’analyser les particules des nuages d’origines marines et terrestres. La Laboratoire des Processus Atmosphériques et leurs Impacts (LAPI), de la Faculté ENAC à l’EPFL, contribuera à ce groupe de recherche. L’étude du sol visera à analyser la libération de sédiments, de nutriments et de carbone dans l’océan causée par l’érosion ainsi que son rôle potentiel en tant que source d’aérosols. Le groupe consacré à la biosphère pratiquera des analyses ADN des échantillons récoltés afin d’évaluer l’état actuel de la biodiversité ainsi que les changements profonds causés par la transformation de l’écosystème.