u Matière premières
La préservation et l’économie de ressources, matières et énergie figurent incontestablement parmi les critères les pluscruciaux du développement durable. Déjà fortement mise en avant lors des précédentes éditions de Pollutec, cettepriorité est encore très présente cette année.
Première étape incontournable de cette vision sur les ressources : le déploiement de l’éco-conception. Plusieurssolutions innovantes illustrent cette tendance comme, entre autres, le nouvel outil CORINE d’EcoMundo qui constitue uneplate-forme d’échange entre acteurs industriels pour favoriser des choix de conception plus verts, en intégrant desapproches environnementales qualitatives et quantitatives avec, en plus, une dimension réglementaire (indicateur
REACH). Conçue pour l’aéronautique, elle est transférable à l’automobile, au bâtiment, à la cosmétique etc. Les PrixTechniques innovantes pour l’environnement (TIE) sont aussi l’occasion cette année de mettre en avant une démarched’éco-conception de produits azotés pour la pharmacie (moins d’énergie, moins de déchets, moins de risques, plus
rapide), très représentative des gains de productivité associés à une démarche environnementale. Enfin, cette conjonctionenvironnement-productivité, point clé de la croissance durable, est aussi illustrée par un des prix Pierre Potier(innovation de la chimie en faveur du développement durable) présentés sur le plateau TV du salon : ce projet porte surle remplacement de pièces métalliques par des matériaux plastiques dans le secteur automobile. Bénéfique tant sur le
plan technique qu’environnemental, cette solution apporte une contribution sensible en termes de gain de poids, d’oùun impact positif sur la consommation de carburant.
Dans le secteur des déchets, l’acuité de la problématique « ressources » s’exprime tout d’abord par des innovations
dans le domaine du tri permettant d’affiner les matières premières secondaires. C’est le cas notamment avec lenouveau capteur I-Sens de Goudsmit qui permet d’assainir un flux de matière (mâchefers d’incinération, DEEE, résidusde broyage) par l’extraction de tous les métaux ferreux et non ferreux. Autre exemple dans le même esprit, une application
de purification de mâchefers ciblée sur l’extraction des fines, concentrant les métaux lourds solubles dans l’eau(Inoteq). Enfin dans le domaine du tri plus traditionnel, soulignons un nouveau dispositif de tri optique des résidus plastiquescapable d’extraire les indésirables et de trier par couleur (Bühler).
Une deuxième étape consiste à utiliser au mieux tout ce dont on dispose et donc identifier de nouveaux débouchés.Une tendance forte qui est en train de s’imposer sur le marché français est celle des combustibles de substitution, qu’ilssoient solides (CSR) ou liquides, avec des offres en conception et service (iHol, Chimirec, Séché Environnement).
La production de CSR s’accompagne également d’annonces dans leur utilisation aval à l’image d’un savoir-faire engazéification de CSR ou biomasse (Etia). On note aussi une diversification des filières avec des travaux de valorisationde gisements jusqu’ici moins ciblés. C’est le cas avec la présentation d’une filière de production d’isolants pour l’automobile
à partir de mousses et textiles en fin de vie (conférence ADEME) ou le développement d’un procédé de recyclage
de films plastiques multicouches par laser UV (projet TIE).
Enfin mieux gérer dans le domaine des déchets, c’est évidemment simplifier la prise en charge et le traitement des
déchets. Notons à ce sujet l’exemple d’un nouveau procédé de traitement des déchets organiques de type alimentaire,
dans une machine qui malaxe sur site les déchets, les déshydrate et les transforme en un engrais organique en quelques
heures (GEB Solutions). Ou encore une solution compacte et déplaçable de traitement des effluents de matières de
vidange (épuration de phase liquide et valorisation de la phase solide) en alternative à un rejet en station d’épuration
quand celui-ci n’est pas possible (Maisonneuve). L’éco-conception joue également un rôle important dans cette simplification
de gestion comme le montre la recherche, présentée aux prix TIE, menée par l’INP Grenoble et visant à produire
des étiquettes RFID sans puces via une technique d’impression de motifs conducteurs sur papier, donc facilement
recyclables. Soulignons aussi la nécessité de prendre en compte les questions de sécurité en amont dans les filières de
recyclage. A cet égard, l’Inéris présente son expertise dans le recyclage des batteries, l’institut participant notamment à
la mise au point d’un procédé de recyclage batteries Li-ion.
Au-delà d’une meilleure exploitation des déchets, l’axe de diversification et de substitution des ressources dans le
domaine du végétal et du biosourcé en général se confirme plus que jamais sur le territoire français.
Le salon met en avant cette année un certain nombre d’innovations intéressantes dans ce domaine, aussi bien côté
exposants et conférences qu’à travers la présentation des prix Pierre Potier et des lauréats du concours Genopole.
Sont ainsi mis en exergue un procédé de séparation efficace et peu coûteux des algues et de l’eau (Coldep, avec le
Ceva) et les résultats du programme Cibiom (Arvalis, Cetiom, Solagro) sur la viabilité de productions alternées de biomasses
alimentaires et non alimentaires. Les prix Pierre Potier valoriseront des développements techniques particulièrement
novateurs tels que le procédé d’extraction propre de molécules issues de biomasses par Biolie ou le nouveau
composé de type tensioactif biosourcé par Seppic).