L’histoire de l’évolution a été longue et marquée d’accidents et d’explosions de la vie. La transition Précambrien-Cambrien, il y a environ 540 millions d’années est marquée par un événement exceptionnel. C’est à ce moment qu’apparaissent en grand nombre les premiers animaux proches des animaux actuels, et avec eux, que survient la construction d’écosystèmes complexes.
Les traces laissées par les premiers animaux marins ont assez nombreuses dès la fin du Précambrien. Elle témoignent d’un début d’activité animale sur les fonds océaniques, avec des traces de déplacement, des indices de recherche de nourriture etc… Toutefois, les animaux responsables de ces traces restent souvent inconnus ou très hypothétiques. C’est le cas de ceux qui ont laissé dans les sédiments marins des réseaux de traces que les paléontologues appellent Treptichnus. Ces traces sont utilisées comme marqueurs de la limite Précambrien-Cambrien, car elles sont présentes partout dans le monde à cette époque.
En Suède
Des expériences menées avec des vers priapuliens actuels montrent d’étonnantes similitudes avec ces traces énigmatiques. Les travaux ont été conduits dans le cadre du programme financé par l’Agence Nationale de la recherche OREC, coordonné par Jean Vannier, enseignant chercheur à l’Université Claude Bernard Lyon 1
Les expériences ont été réalisées à la Station Marine de Kristineberg ( Suède) , l’une des rares localités où survivent ces véritables “fossiles vivants”. Les traces de leur déplacement sur le sédiment boueux observées en vidéo sont pratiquement identiques aux traces fossiles de la limite Précambrien-Cambrien. Les auteurs concluent que les vers priapuliens furent parmi les premiers colonisateurs des fonds marins. Ils fouissaient le sol d’une manière superficielle à la recherche de nourriture.
Un autre volet de cette recherche conduite avec le Royal Ontario Museum de Toronto, montre les contenus stomacaux des vers priapuliens des Schistes de Burgess, d’âge Cambrien moyen. Ces vers se nourrissaient d’une grande variété de petits animaux vivants sur le fond marin (mollusques, trilobites, brachiopodes, etc… Ce régime alimentaire confirme que les priapuliens se déplaçaient pour capturer des proies, preuves directes aussi de l’existence d’une chaine alimentaire déjà complexe.