Jean-Marc Ayrault a annoncé que l’Etat pourrait vendre une partie de certaines de ses participations dans des entreprises. La question risque d’être délicate pour deux entreprises dans lesquelles l’Etat est fortement présent, AREVA et EDF.
D’abord l’annonce montre une volte face idéologique. C’est vers la Bourse et les marchés financiers voués aux gémonies que se tourne le Gouvernement pour s’ôter une épine du pied. C’est vers les mêmes marchés que la France se tourne pour emprunter et boucher les trous de ses budgets: Etats, caisses de retraite, asurance maladie, etc.
La logique d’un Etat stratège consisterait à voir comment ces entreprises pourraient orienter leurs compétences dans une diversification énergétique plus poussée, suivant une stratégie de moyen et long terme. De cela on n’a pas entendu parler.
C’est aussi une piètre vision d’actionnaire public majoritaire que d’envoyer des messages négatifs, voire alarmistes, sur l’activité d’entreprises comme EDF et Areva.
Si le gouvernement veut réduire rapidement la part du nucléaire, sur des bases politiques, en dehors de toute expertise économique et technique, il envoie un message de défiance. Il suppose que le nucléaire n’est bon ni en France, ni ailleurs, ce que préconisent les opposants à cette technique au sein de la majorité.
Envoyant ce message, le Président de la République et le Premier ministre bouchent les lézardes politiques mais affaiblissent la valeur des deux entreprises. Ils leur ferment l’horizon sur leur marché national essentiel pour tout groupe industriel.
Il déprécie ipso facto la valeur de sa participation. Or, la valeur d’EDF en Bourse, a déjà chûté depuis l’introduction de la société sur le marché financier. EDF a été plombé par l’obligation de revendre l’électricité nucléaire à ses concurrents à un tarif jugé insuffisant par l’entreprise.
La situation d’EDF serait dégradée si, en cas de maintien de la fermeture de Fessenheim, l’entreprise n’était pas correctement indemnisée par son actionnaire !
Bref, il serait difficile de céder quelques pour cent du capital d’EDF même à un prix revu à la baisse.
La solution serait d’adopter la position d’un actionnaire public responsable cherchant non pas à vendre ” des bijoux de famille” pour des raisons électorales, mais à conserver une vraie stratégie industrielle de long terme dont la France manque cruellement. Ce n’est pas le sens du bras de fer entre EDF et des membres de la majorité.