Une étude de la teneur en éléments chimiques dans les cernes des arbres, y compris les polluants, a permis d’évaluer les variations spatiales et temporelles de l’exposition atmosphérique en métaux de l’une des zones les plus industrialisées d’Europe, la Zone Industrialo-Portuaire de Fos sur Mer.
Cette analyse a permis de mettre en évidence les variations historiques de la pollution atmosphérique impactée par l’industrialisation croissante du territoire. Ces résultats ont été publiés dans Chemosphere.
Les arbres sont des témoins privilégiés de l’histoire environnementale d’un milieu. La croissance en diamètre des arbres a lieu par formation chaque année d’un anneau concentrique supplémentaire, un cerne, anatomiquement distinct des précédents. Pour un arbre vivant, les années de formation des cernes sont alors inventoriées depuis l’écorce.
Les cernes constituent un tissu conducteur permettant le transport des nutriments des racines vers les feuilles. Ses cellules séquestrent des éléments chimiques par deux voies d’absorption, foliaire et racinaire. En réalisant des carottages dans des troncs, il est ainsi possible de déterminer l’année de formation des cernes et d’identifier les anomalies de composition chimique du bois. C’est ce que l’on appelle la méthode dendrochimique.
Des chercheurs(1) ont mené une telle étude dans l’une des zones les plus industrialisées d’Europe, la Zone Industrialo-Portuaire (ZIP) de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) avec pour objectif d’évaluer l’exposition atmosphérique aux polluants métalliques et ses variations temporelles.
Des métaux émis par les industries du secteur
Les résultats de ces travaux, publiés dans la revue Chemosphere, ont mis en évidence l’exposition du territoire de Fos-sur-Mer à de nombreux polluants métalliques et particulièrement les principaux métaux et métalloïdes émis par les industries du secteur (aluminium, arsenic, cadmium, cobalt, cuivre, molybdène, zinc).
Par ailleurs, la variabilité temporelle des concentrations métalliques a permis de définir les grandes tendances de l’exposition atmosphérique de cette région consécutive à l’installation de la ZIP de Fos. En effet, entre 1970 et 1990, période au cours de laquelle le territoire a accueilli de nombreuses industries, l’exposition était principalement marquée par le zinc, le cadmium et le mercure. A partir des années 2000 et de la mise en place de mesures pour un meilleur contrôle des émissions atmosphériques, les teneurs en ces éléments diminuent mais d’autres comme l’arsenic, le chrome, le nickel, le vanadium, l’aluminium ou le fer, principalement émis par la métallurgie et la sidérurgie très représentées sur la zone, ont augmenté au cours des dix dernières années.
L’ étude a permis de fournir des informations sur l’évolution des émissions industrielles, routières et même urbaines de ce territoire et mis en lumière la pertinence des méthodes dendrochimiques pour évaluer l’exposition à la pollution atmosphérique dans le temps.
- Institut Ecocitoyen pour la Connaissance des Pollutions ; Laboratoire Chrono-Environnement (CNRS-Université Bourgogne Franche Comté) ; Cerege (Aix Marseille Univ, CNRS, IRD, Inra, Coll France)
Référence : Evaluation of historical atmospheric pollution in an industrial area by dendrochemical approaches