La semaine dernière, le Ministre des Transports, Clément Beaune, a réuni à Lyon autour du dossier des accès au tunnel européen et transalpin Lyon-Turin les collectivités intéressées par ce maillon du corridor ferroviaire sud de l’Europe.
Etaient représentés, les départements de l’Ain, de l’Isère, de Savoie et de Haute-Savoie, les Métropoles de Lyon et de Grenoble, les agglomérations de Chambéry et d’Annecy, et la Région. Cette dernière était représentée par Philippe Meunier, vice-président en charge de l’International et de plusieurs autres dossiers. Une fois de plus, la Région n’a pas été représentée par le vice-président aux Transports, Frédéric Aguilera.
Cette représentation à géométrie variable de la Région, a confirmé aux yeux de plusieurs observateurs , le manque d’engagement de la collectivité sur le dossier européen, national, et éminemment régional de la liaison transalpine. Un manque d’engagement financier, mais aussi politique.
Certes le ministre est venu faire le point sur les engagements financiers susceptibles d’être pris par les collectivités les plus concernées par les accès français et la future liaison européenne. Certes l’engagement des collectivités avait été initié en 2007 par Jean-Jack Queyranne, militant actif du projet franco-italien. Certes, les temps ont changé, et les collectivités ont les coudées financières moins franches
Mais l’engagement financier demandé, déjà décalé, très étalé, est modeste en regard des enjeux régionaux en matière d’aménagement du territoire, en matière de modernisation des infrastructures ferroviaires, en regard des enjeux environnementaux et européens.
On attendrait plutôt la Région locomotive , chef de file de ce projet au niveau régional. Chef de file pour réunir les territoires, pour expliquer, mobiliser. Chef de file pour faire comprendre les enjeux. La liaison transalpine intéresse éminemment Valence, donc la vallée du Rhône, Saint-Etienne, l’Auvergne et ses villes. La liaison qui vise à rééquilibrer l »Europe vers le sud, intéresse des régions limitrophes.
La future liaison sud européenne, peut être un moteur pour faciliter la circulation des biens industriels. Elle permet un renforcement des liens avec l’Italie du Nord voisine puissante sur le plan industriel. Elle libèrera , quel que soit le scénario prioritaire choisi, des espaces sur les réseau ferré régional dont on ne voit pas le nouveau souffle.
La Région qui détient la compétence économique, avait là un beau chantier pour imaginer l’avenir régional, orchestrer des rencontres, un suivi, des débats. A la recherche de visibilité, toujours critique vis à vis d’un Etat qui étoufferait ses initiatives, la Région a manqué le train de la visibilité et de la compétence comme elle n’a pas pris position sur la question de l’ouverture à la concurrence du marché ferroviaire des voyageurs.
Une opportunité qui n’avait pas échappé à Carole Delga pour pousser le dossier du TGV à Toulouse, qui n’avait pas manqué à Renaud Muselier pour le TGV vers Nice, qui n’avait pas manqué à Xavier Bertrand pour le canal Seine-Nord. La mobilisation régionale qui aurait pesé face à l’Etat, a laissé la place à un » chacun pour soi » dépassé…