Le lithium est de plus en plus utilisé dans les batteries lithium-ion des appareils électroniques ou des véhicules électrifiés. Mais selon des travaux de l’Ifpen, les réserves et les ressources devraient être suffisantes pour faire face aux besoins d’ici 2050.
Argentine, Bolivie, Chli : ce que les chercheurs de l’Ifpen appellent le triangle du lithium concentre 58 % des ressources, 53 % des réserves et 29 % de la production mondiales du minerai (United States Geological Survey, SGS, 2021). D’après les résultats de l’équipe Ifpen qui a dressé un état de la criticité de quelques éléments stratégiques, la région devrait devenir le principal exportateur de lithium en 2050 avec 90 % de l’approvisionnement mondial.
En Argentine le climat favorable aux investissements étrangers a permis le décollage des projets d’exploration et de développement de sites miniers. Le Chili n’a pas, pour des raisons internes, maintenu son rang mondial. La Bolivie, malgré la volonté du gouvernement d’Evo Morales de faire émerger une filière du lithium n’a pas fait son entrée sur le marché mondial faute de technologie.
Marge de sécurité réduite
Or, la marge de sécurité pour l’approvisionnement en lithium diminue en raison de la pénétration rapide du véhicule électrique au niveau mondial. Les résultats du modèle élaboré par les chercheurs de l’Ifpen n’indiquent pas de réelle criticité géologique pour le lithium. Toutefois, les dynamiques d’équilibre à long terme montrent que l’absence de criticité géologique n’exclut pas d’autres risques, économiques, industriels, géopolitiques ou environnementaux.
La concurrence entre les acteurs apparaît toute relative, malgré l’entrée de nouvelles entreprises. Le petit nombre d’acteurs associé à leur positionnement oligopolistique interroge la criticité économique de la filière. La politique de la Chine et de ses entreprises, sur la filière lithium et sur le marché des batteries, reste un élément clé de compréhension.
Les risques sur le lithium
Les risques qui pèsent sur le lithium sont en partie géologiques, mais ils relèvent surtout d’autres considérations :
– géostratégiques : les réserves et la production sont de plus en plus concentrées géographiquement, le Triangle du Lithium concentrant 58 % des ressources et 53 % des réserves, et l’Australie et l’Amérique Latine 80 % des extractions minières ;
– économiques : les prix ne sont pas transparents, ce qui impacte la production et le développement de projets miniers ;
– cinq acteurs mondiaux contrôlent la majeure partie de la production minière et de l’ensemble de la chaîne de valeur, la Chine exerçant une forte emprise sur les activités de transformation et de raffinage ;
– environnementales : la production de lithium est fortement émettrice de CO2 et consommatrice d’eau. L’exploitation des réservoirs souterrains monopolise les terres et les bassins d’évaporations défigurent les paysages dans les salars andins.
Le marché du lithium justifie donc la plus grande vigilance, et justifie la recherche de technologies peu gourmandes de ce métal, et le développement de filières larges de recyclage.
