Comme en France, la présence du loup pose problème dans le canton suisse du Valais. Les autorités de ce canton alpin demande des régulation exceptionnelles à la Confédération et un soutien financier supplémentaire pour les éleveurs dont les troupeaux sont menacés et attaqués.
Comme en France, en Suisse les autorités tiennent une comptabilité précise de l’évolution des populations lupines dans la Confédération , très engagée en générale dans la protection de l’environnement. Le nombre de loups présents dans le canton du Valais, augmente de manière exponentielle. Depuis le retour du canidé sur le territoire cantonal en
1995 ( en France 1992) , 114 loups ont été identifiés à ce jour, contre 39 il y a 5 ans.
Afin de répondre aux défis que pose le développement important de la population de loups et la pression exercée sur l’agriculture de montagne, l’Etat du Valais renforce son soutien aux éleveurs. Il allouera 1 million de francs suisses supplémentaire à la protection des troupeaux. Le canton attend de la Confédération qu’elle adapte le cadre juridique actuel ne correspond plus selon lui, à l’évolution exponentielle de la population de loups. Le Conseil d’Etat a écrit un nouveau courrier au Conseil fédéral afin qu’il édicte une ordonnance de nécessité afin de permettre au canton de réguler pendant six mois la surpopulation de loups en coordination avec l’Office fédéral de l’environnement. Le canton demande une simplification des procédures administratives ainsi qu’une indemnisation des éleveurs pour tous les animaux non retrouvés suite à une attaque avérée de loup, déduction faite des pertes naturelles.
Régulation plus importante
Face à l’urgence de la situation, le canton doit obtenir à titre exceptionnel la possibilité de réguler la surpopulation de loups.
La présence de 4 meutes est attestée dans le canton. Ces chiffres et plusieurs observations sur le terrain permettent
d’estimer actuellement la présence de 50 à 70 individus. Depuis 2018, le nombre d’individus sur le territoire cantonal a plus que doublé. Cette évolution rapide et la mise en place de mesures de protection ont un impact direct sur le nombre d’animaux de rentes prédatés.
En 2021, 336 animaux ont été tués par le loup contre 302 en 2020 et 205 en 2019. Depuis le début de 2022, 84 animaux de rentes ont déjà été tués. Face à l’évolution rapide des populations de loup, l’Etat du Valais a estimé que les moyens à disposition pour la protection des troupeaux et le cadre législatif fédéral n’étaient pas suffisants. Le Conseil d’Etat a écrit en 2021 au Conseil fédéral pour demander un soutien financier plus important pour la protection des troupeaux et un assouplissement de la règlementation qui ne permet que rarement de résoudre dans des délais adéquats les problématiques que rencontrent les éleveurs. Il a été entendu dans le domaine de la protection des troupeaux, puisque la Confédération a mis à disposition 5,7 millions de francs supplémentaires pour la saison d’estivage 2022.
Pour ce qui est de la régulation du grand prédateur, le canton attend une plus grande marge de manœuvre. Aujourd’hui, le canton peut ordonner le tir d’un loup isolé si celui-ci tue 10 animaux de rente en situation protégée ou non protégeable. Dans le cas d’une meute, le canton peut ordonner un tir de régulation si 10 animaux de rente sont tués en situation protégée ou non protégeable après avoir obtenu l’autorisation de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV).
La révision de la Loi fédérale sur la chasse doit aussi pour le canton être menée le plus rapidement possible pour permettre une régulation préventive du loup .A ce jour, le Valais compte plus de 150 alpages exploités en été par des éleveurs de moutons. Le maintien du pastoralisme est essentiel notamment pour l’entretien du paysage, la préservation des races autochtones et pour le développement de la biodiversité. L’Etat du valais a défini les critères qui permettent de déterminer si un alpage est considéré par le canton comme protégeable ou non. Les critères pour la définition des mesures s’inspirent de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) et certains ont été adaptés. Il s’agit notamment de la taille du troupeau, l’accessibilité, le rendement, le gardiennage ou la présence de chiens de protection. Un critère économique a également été introduit. Le but de cette politique consiste à atteindre et à maintenir une gestion durable des exploitations d’estivage, principalement en termes de rentabilité et d’écologie.
Afin de faire face à la pression croissante des grands prédateurs sur l’agriculture de montagne, le Grand Conseil a accepté un financement supplémentaire de 1 million de francs pour la protection des troupeaux. Sur ce montant, le Conseil d’Etat a
décidé d’allouer 750’000 francs à la mise en œuvre des mesures de protection sur les alpages, y compris ceux considérés comme non protégeables. Les mesures de protection des troupeaux donnant droit à des contributions du canton comprennent
notamment le gardiennage de l’alpage, l’utilisation de chiens de protection, la pose de clôtures, la mise en place de parcs de nuit ou encore exceptionnellement l’utilisation d’ânes. Les 150 000 francs restants permettront de soutenir des projets en
lien avec la protection des troupeaux, comme l’élevage de chiens de protection ou la mobilisation de civilistes ou de bénévoles. Finalement, 100’000 francs restants serviront à couvrir les frais en matière de ressources humaines pour le renforcement
du conseil aux exploitants en matière de protection des troupeaux.