Lyon : la ZFE ne doit pas accélérer l’obsolescence de nos véhicules

Animateurs du cercle de réflexion « Construisons la Métropole de Demain », Marion Carrier et Christophe Geourjon proposent que la Métropole de Lyon privilégie la transformation des véhicules les plus polluants en véhicules électriques afin d’éviter l’obsolesence accélérée.

Pour le cercle de réflexion « Construisons la Métropole de Demain », la ZFE doit permettre d’améliorer la qualité de l’air, mais doit s’accompaggner de mesures permettant aux propriétaires de véhicules thermiques de les transformer en véhicules électriques© Gloumouth1 (CC BY-SA 3.0)

La ZFE mise en place par la Métropole de Lyon le 1er janvier 2020, concerne depuis le début de cette année les véhicules utilitaires légers (VUL) et les ooids lourds (PL) avec une vignette crit’Air 3. Bruno Bernard a indiqué qu’il voulait étendre la ZFE géographiquement mais aussi y inclure les véhicules des particuliers. En complément, le président de la Métropole de Lyon veut interdire à l’intérieur du périmètre de la ZFE les véhicules diesel d’ici 2026.

Deux éléments soutiennent cette évolution :

  1. La nécessité d’améliorer la qualité de l’air. La pollution cause annuellement 48 000 morts prématurés en France.
  2. Le cadre législatif national. La loi d’orientation des mobilités (LOM) oblige certaines collectivités, dont la Métropole de Lyon, à mettre en place une ZFE afin de répondre aux objectifs nationaux et européens en matière de qualité de l’Air.

Améliorer le bilan environnemental dess déplacements

L’extension de la ZFE est nécessaire, mais pour nous celle-ci ne doit pas être un simple outil marketing, un marqueur politique de la majorité métropolitaine. Cette extension doit permettre d’améliorer le bilan environnemental de nos déplacements d’une manière globale tout en apportant des réponses aux potentiels impacts sociaux ou d’équité territoriale.

L’enjeu est bien d’améliorer la qualité de l’air sur le territoire métropolitain ET d’obtenir un bénéfice pour notre planète.

L’élargissement de la ZFE a pour objectif d’accélérer le renouvellement naturel des véhicules et d’orienter le choix des motorisations. Ceci suscite deux interrogations sur le modèle écologique :

  • Le devenir des véhicules remplacés

Où vont-ils aller ? Dans les collectivités avoisinantes ? Dans d’autres pays moins riches, voire sur d’autres continents ? Ce que nous voulons pointer du doigt, c’est que la conscience écologique et climatique ne se limite pas à l’échelle de 59 communes. Nous souhaitons que la Métropole mette en place une stratégie permettant de ne pas agir de façon kafkaïenne au vu des enjeux climatiques, non pas métropolitains, mais bien mondiaux.

  • L’impact des véhicules électriques

Le débat est toujours actuellement vif sur l’impact environnemental réel et global entre l’achat (et donc la production) d’un véhicule électrique neuf ou la poursuite de l’usage d’un véhicule thermique en cas d’usage peu fréquent ou sur de courtes distances. Ce qui est souvent le cas en Ville. Il serait en effet ridicule que l’écobilan des nouveaux véhicules soit plus mauvais que celui des véhicules existants. Nous demandons à la Métropole de conduire une enquête d’usage pour déterminer l’intérêt environnemental à basculer vers une motorisation électrique.

Priorité au rétrofit

Dans ce contexte nous portons l’idée que la Métropole doit soutenir prioritairement le Rétrofit. Cette méthode consiste à modifier les moteurs thermiques en moteurs électriques permettant ainsi de minimiser la fabrication de nouveaux véhicules et donc le coût environnemental du renouvellement nécessaire des véhicules personnels ou professionnels.

Par ailleurs, cette réutilisation des véhicules éviterait d’obliger nos concitoyens qui ont récemment investis dans un véhicule à s’en séparer. Nous éviterions ainsi que les réglementations métropolitaines aboutissent à l’obsolescence accélérée de nos véhicules.

Nous demandons à la Métropole d’étudier l’écobilan de cette proposition et de favoriser dès maintenant l’émergence d’une filière industrielle locale de rétrofit.

En résumé, nous demandons à ce que la ZFE ne soit pas une réglementation de « façade » mais fasse preuve d’une réflexion écologique globale, durable et intelligente. Nous sommes convaincus que l’élargissement de la ZFE peut être l’occasion de créer un modèle Lyonnais à l’ADN écologique, social et économique pérenne.

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