Entre grands projets, refus d’engager les financements, préférences sociale et économique pour la route plus souple plus polluante et plus dangereuse : le ferroviaire est dans un période incertitude.
Le secteur ferroviaire se trouve au milieu du gué. C’est l’impression ressentie lors des échanges permis par la récente conférence Mardi des Ingénieurs et Scientifiques, organisée par Ingénieurs et Scientifiques de France et Enviscope, à l’amphithéâtre Seguin de l’INSA de Lyon. Etaient invités Damien Caraboeuf, directeur des projets pour SNCF réseau Auvergne Rhône-Alpes, et Olivier Klein, directeur adjoint du Laboratoire Aménagement et Economie des Transports (LAET).
La priorité donnée à la rénovation du réseau et le report des grands projets au delà de 2030 montrent la longueur du gué, et l’ampleur de la mutation du réseau ferroviaire. Olivier Klein, a rappelé comment à la fin du dix-neuvième siècle le réseau et la technique ferroviaire avaient connu une réorientation à large échelle. Le ministre Freycinet avait décidé après la construction du réseau national, de couvrir le territoire de voies étroites pour desservir la moindre sous-préfecture.” On a construit pendant quelques dizaines d’années des lignes qu’on a fermées avec l’arrivée de l’automobile et du camion.” explique Olivier Klein.
Le ferroviaire ne bénéfice plus aujourd’hui d’un contexte socio-politique porteur. Il y a quelques années encore, le contexte était plus porteur. Mais les limites de la Grande vitesse, l’ampleur des investissements pour l’entretien et la rénovation, la rentabilité des services, font douter.
De nouvelles technologies émergent pour le transport routier, comme les voitures hybrides, électriques. De nouveaux modes d’organisation, de nouveaux usages se développent. Le covoiturage est une manière rationnelle d’améliorer le taux de remplissage des voitures particulières, de procurer des services plus souples à moins coût. L’autocar, longtemps bridé dans l’interurbain ou les longues distances, offre une souplesse et une rentabilité intéressantes.
Il reste à discuter plusieurs points. Le ferroviaire peut mettre en avant la sécurité, notamment si le réseau est maintenu et bien géré. Le bilan environnemental peut paraitre à priori favorable au train… Mais il faut raisonner par kilomètre-voyageur. Il faut donc que le train emporte un nombre suffisant de voyageurs pour donner un radio énergétique vraiment positif pour le climat.