Marie-Blanche Personnaz, directrice d’ATMO Auvergne-Rhône-Alpes, explique l’intérêt d’ORHANE nouvel outil régional de l’exposition du territoire aux nuisances air et bruit, nouvel indice pollution-bruit élaboré par l’Association agréée de surveillance de la qualité de l’air et l’association ACOUCITE.
Comment la coopération entre Atmo Auvergne-Rhône-Alpes et Acoucité s’est-elle déroulée ?
ATMO Auvergne-Rhône-Alpes et Acoucité ont rapproché leurs données. Nous avons travaillé dans le cadre du Plan régional Santé environnement 2 qui réunit l’Agence régionale de santé, la DREAL, la Région Rhône-Alpes et nous allons poursuivre ce travail dans le cadre du futur Plan régional santé environnement 3. Atmo Auvergne-Rhône-Alpes possède beaucoup de données sur le trafic routier qui est la principale source de bruit, mais également sur les émissions industrielles qui elles aussi peuvent être sources de bruit.
Pour la pollution atmosphérique, les impacts semblent plus objectifs, les personnes sentent plus facilement ses effets. Pour le bruit on serait davantage dans le domaine de la psychologie, les personnes ressentent davantage les effets du bruit en terme de gêne, d’inconfort, mais moins les effets sanitaires alors que ces derniers sont bien réels, par exemple sur le sommeil.
Quelle est la situation ?
Comme pour la pollution de l’air, la situation pour le bruit n’est pas satisfaisante, et comme pour la pollution, la France n’est pas en conformité avec les directives européennes. Elle risque là aussi de se retrouver face à un contentieux.
Quel est le résultat des actions engagées?
Rhône-Alpes a été en avance pour le rapprochement entre les données du bruit et celles de la pollution atmosphérique. Grâce à notre coopération avec le CEREMA (Centre d’études, de recherche, sur l’environnement, l’aménagement), nous avons mis en place un outil qui a le mérite de pouvoir être étendu à toutes les régions.
Pour ce que l’on appelle les points de vigilance, les lieux où les émissions polluantes sont les plus fortes et où le bruit est le plus important, nous avons vu que le même principe de la bande des cent mètres est valable. Les émissions les plus importantes sont constatées dans la bande des cent mètres et même de quelques dizaines de mètres puis décroissent ensuite fortement et c’est également le cas pour le bruit. Ce constat doit être pris en compte en matière d’aménagement.
La cartographie a-t-elle des retombées positives?
L’indice permet de repérer les zones critiques et de mettre en évidence des secteurs où les émissions polluantes et le bruit ont des niveau acceptables. Il y a des endroits où l’on peut respirer et des endroits où on peut trouver le calme. Ce sont des lieux où il est possible de se reposer.
Quelles nouvelles actions entreprendre ?
Les indices permettent aux habitants de connaître la situation du secteur où ils vivent. Ils permettent aux pouvoirs publics de définir les priorités d’action. Malheureusement, les réglementations en matière d’urbanisme n’incluent pas dans les obligations la prise en compte du bruit et de la pollution pour les projets et les constructions.
Quels axes nouveaux explorer ?
Nous devons être attentifs en matière d’interventions sur l’urbanisme et sur l’organisation des transports. Atmo Auvergne-Rhône-Alpes ne dispose pas de données sur le transport ferroviaire, peu émetteur de pollution atmosphérique mais émetteur de bruit. Pour réduire les émissions atmosphériques, nous préconisons le développement du ferroutage. Or dans ce cas, il est nécessaire d’être vigilant sur les répercussions en matière de bruit.