Des motifs géologiques témoins d’un climat similaire à celui de la Terre ont été découverts sur Mars par des scientifiques du CNRS, de l’Université Toulouse III – Paul Sabatier et de l’Université Claude Bernard Lyon 1, grâce au rover Curiosity de la NASA, avec la participation du CNES. La découverte ouvre des perspectives de recherches sur l’origine de la vie. Les résultats sont publiés le 9 août dans Nature, le texte ci-dessous étant largement reproduit du communiqué émis par la direction régionale du CNRS de Lyon.
Contrairement à la surface de la Terre pour laquelle les continents de la croûte terrestre flottent sur le magma, la surface de la planète Mars n’est pas renouvelée par la tectonique des plaques. La surface martienne a donc pu conserver de vastes terrains spectaculaires, témoins de l’existence d’une abondance de rivières et lacs fossiles datant de plusieurs milliards d’années.
Depuis 2012, le rover Curiosity de la NASA, premier à explorer de tels vestiges, avait déjà détecté la présence de molécules organiques simples pouvant être formées par des processus géologiques ou biologiques. Mais l’émergence de formes de vie primitives nécessite d’abord des conditions environnementales favorables à l’agencement spontané de ces éléments en composés organiques complexes.
C’est ce qu’a montré un collectif de l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (CNRS/Université de Toulouse III – Paul Sabatier/CNES) et du Laboratoire de géologie de Lyon : Terre, planètes, environnement (CNRS/ENS de Lyon/Université Claude Bernard Lyon 1) et des scientifiques américains et canadiens. Les images ont été fournies par l’instrument américain Mastcam et à l’instrument franco-
américain ChemCam de Curiosity.
Les images montrent des dépôts de sels formant un motif hexagonal dans des couches sédimentaires datées de 3,8 à 3,6 milliards d’années. Ces motifs sont semblables aux hexagones observés dans des bassins terrestres à l’assèchement saisonnier. Ils constituent les premiers témoins fossiles d’un climat martien cyclique, régulier et de longue durée, organisé en saisons sèches et humides. En permettant aux molécules d’interagir à différentes concentrations et de manière répétée, des expériences indépendantes en laboratoire ont montré qu’un tel environnement offre les conditions idéales pour former des composés complexes précurseurs et constitutifs du vivant tel que l’ARN.
Ces observations permettent de porter un œil nouveau sur les images à grande échelle obtenues depuis l’orbite, qui ont déjà localisé de nombreux terrains à la composition similaire. Les scientifiques savent désormais où chercher les traces des processus naturels à l’origine de la vie, dont il ne reste sur Terre aucun vestige.
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Notes
1- ChemCam a été construit par un consortium franco-américain sous la responsabilité de l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie (CNRS/Université de Toulouse III – Paul Sabatier/CNES) et du Los Alamos National Lab (États-Unis). En France la conception de cet instrument a reçu le soutien du CNES, du CNRS, du CEA et de plusieurs universités. Mars Science Laboratory est une mission de la
NASA gérée par le Jet Propulsion Laboratory (États-Unis) qui a conçu et pilote le rover Curiosity.
Bibliographie
Sustained wet-dry cycling on early Mars. W. Rapin, G. Dromart, B.C. Clark, J. Schieber, E.S. Kite, L.C. Kah, L.M. Thompson, O.Gasnault, J. Lasue, P-Y. Meslin, P.J. Gasda, N.L. Lanza. Nature, 9 août 2023.