En 2006, 35 238 spectacles de variétés et de musiques actuelles ont attiré en France 16 127 063 spectateurs et 8 940 groupes de “musiques amplifiées” ont été recensés. La musique est
est omniprésente dans notre société, en particulier grâce à sa diffusion par des technologies qui la rendent disponible partout.
Mais ce qu’il faut bien appeler une consommation quasi-unanime de musique signifie aussi des expositions expositions auditives à des niveaux et pendant des durées qui peuvent créer des troubles irréversibles. En utilisant pendant des heures chaque jour ( transports en commun, marche, domicile) leur baladeur, en fréquentant des discothèques, en assistant à des concerts, en pratiquant eux-mêmes un instrument les jeunes sont très exposés. C’est le constat diffusé lors du lancement au début du mois d’octobre, d’une campagne de prévention par l’association Agi Son, avec le soutien de la Mutuelle des Etudiants et de la Région Rhône-Alpes.
Un jeune sur quatre peut-être atteint d’un déficit auditif
Un jeune sur quatre aurait un déficit auditif reconnu comme pathologique, c’est à dire supérieur ou égal à 20 dB, selon une évaluation de l’audition des jeunes Français à travers l’évaluation des lycéens de Rhône-Alpes, réalisée par l’Institut Universitaire de Médecine du travail de Lyon, en 1993-94 / et 1998-99
Baisser le son ne suffit pas. C’est la dose de son qui semble aussi déclencher les troubles. Imposer un volume sonore particulièrement bas (90 décibels ou dB) n’est pas
techniquement réalisable dans tous les lieux. En effet, certains instruments comme la
batterie ou les cuivres peuvent dépasser les 100 dB sans aucune amplification. Une personne qui dépasse régulièrement la dose de son tolérable par son organisme risque, d’endommager son audition.
Cette impossibilité de baisser le son n’est pas en fait d’ordre technique. Elle renvoie à une norme musicale, culturelle, qui associe plaisir et volume sonore. La puissance sonore favorise l’immersion dans la musique qui accapare l’appareil sensoriel en mobilisant l’ouïe, mais
aussi le toucher, car le son est aussi perçu par le corps.
Logique de prévention
Les personnes qui s’engagent dans des actions de santé préfèrent donc plutôt qu’un risque de rejet de leur démarche, diffuser des conseils de prévention. Faire une pause permet de récupérer et ainsi de limiter considérablement le risque. Il est conseillé de reposer son oreille environ 10 minutes toutes les 45 min ou 30 min toutes les 2 heures pour permettre une récupération.
C’est la position des professionnels de la musique vivante regroupés au sein de l’association AGI-SON pour informer sur les risques liés à l’écoute des musiques amplifiées. AGI-SON développent trois pôles d’actions. L’association sensibilise les publics de concerts par une campagne nationale de prévention à destination des spectateurs de concerts et praticiens de la musique. L’association met en oeuvre une éducation au sonore centrée, au-delà des risques, sur la découverte des musiques actuelles et amplifiées. C’est le projet ” Peace & Lobe ” destiné aux publics scolaires. Enfin, Agi Son forme et sensibilise les professionnels. Des dépliants et des affiches seront diffusés dans de nombreux lieux de concerts,
locaux de répétition, écoles de musique, etc.
Un dispositif régional ” Dose le son!”
La campagne 2007, permettra de distribuer au niveau national 645 000 dépliants, 12 000 affiches et 433 000 paires de bouchons d’oreille. En Rhône-Alpes 50 000 dépliants, 800 affiches et 28 000 paires de bouchons d’oreille seront distribués sur 77 concerts organisés par 28 lieux.
La campagne AGI-SON en Rhône-Alpes s’inscrit dans le cadre d’un dispositif régional de
prévention des risques auditif soutenu par la Région Rhône-Alpes et de nombreux services
de l’Etat (GRSP, DRASS, DIREN, DRTEFP, Pôles bruits départementaux).
Ce dispositif “Dose le son !” prévoit des actions en partenariat avec les Scènes de musiques actuelles, les Rectorats de Lyon et de Grenoble, l’Espace régional de santé publique ainsi que la Fédération régionale des missions locales. Pour la liste des contacts en région, voir l’encadré ci-dessous.
– Quelques conseils
Le véritable danger n’est pas tant le volume sonore que la dose de son, c’est-à-dire le
temps d’exposition à un volume sonore donné. On estime que le risque existe à partir d’un
niveau sonore de 90 décibels (dB). La douleur n’apparaissant qu’à partir de 120 dB, les lésions peuvent survenir sans que l’on s’en aperçoive sur le moment.
Les risques sont multiples. La surdité peut être irréversible et incurable.
Des symptômes peuvent être temporaires : bourdonnements, sifflements, sensation d’oreilles cotonneuses… Ces troubles disparaissent la plupart du temps après un temps de
récupération dans le calme mais ils sont le signe d’une usure de la capacité auditive,
imperceptible mais bien réelle dans la plupart des cas. Ils doivent être interprétés comme
des mises en garde, déclencheur d’un comportement de prévention et /ou de soin.
-Les acouphènes : bourdonnements ou sifflements pouvant être constants ou
intermittents.
-L’hyperacousie : hypersensibilité au bruit, perception amplifiée des sons.
Il est possible de prendre plusieurs précautions, en concert, discothèque etc. :
Il faut tenir compte de son état de fatigue : La fatigue ainsi que les maladies (otite,
rhume…), les médicaments ou encore l’alcool abaissent le niveau de conscience de la
dangerosité d’une exposition ou la détection des symptômes . Il faut s’éloigner de la source sonore et éviter de rester trop longtemps près des enceintes. Il faut aussi faire des pauses en s’isolant de la source sonore. Cette précaution minimise les risques de façon importante. Il faut enfin être attentif aux signaux d’alerte. En cas de bourdonnements, sifflements ou
sensation d’oreilles cotonneuses pendant l’exposition, il faut réagir, rentrer chez toi et se reposer jusqu’au lendemain.
Si les troubles persistent (bourdonnements, sifflements, etc.), consulter un médecin ORL
dans les 48h : Si un traitement n’est pas entrepris rapidement, les troubles peuvent devenir
irréversibles.
Pour le baladeur, il faut aussi limiter le temps d’écoute ou le volume sonore.
Baisser le son permet de prolonger l’écoute tout en minimisant les risques.
Il peut paraître paradoxal de porter des protections auditives pendant un
concert ou une sortie en discothèque. Cependant, les bouchons d’oreille s’avèrent indispensables dans certains cas : personnes particulièrement sensibles ou souffrant déjà de troubles auditifs, musiciens accumulant régulièrement de fortes doses de son etc.
– Les troubles auditifs peuvent toucher tout le monde
En France, 2,5 millions de personnes souffriraient régulièrement d’acouphènes (sifflements,
bourdonnements…). Près de 4 millions en ont ressenti un jour ou l’autre. On évalue à 200 000
chaque année les nouveaux cas d’acouphènes et 300 000 les cas d’acouphènes intolérables selon un article du Quotidien du Médecin du 06 Mars 2000)
Les troubles atteindraient 70 % des musiciens pratiquant des instruments amplifiés souffriraient de traumatismes auditifs… selon l’étude réalisée par M. AUFFRET, P. CUREAU, J.-F. BUCHE, M. TOUCHE, Prévention des traumatismes sonores des musiques électro-amplifiées, Rapport de recherche CNRS-Ministère de l’Environnement, février 1998).
Mais les musiques amplifiées actuelles ne seraient pas les seules à provoquer des troubles puisque 48 % des musiciens classiques dont 18 % souffrent d’une baisse de l’audition
et 11 % d’acouphènes. (Documents pour le médecin du travail n° 76 (1998), étude débutée en 1994)
– Des contacts en Rhône-Alpes
Des informations sur le dispositif régional “Dose le son” sont disponibles sur www.lamdra.fr ou auprès de Frédéric Devinant au 04 72 77 85 72 chargé de développement pour la prévention des risques auditifs ou par courriel à f.devinant@lamdra.fr
Contacts avec La mutuelle des Etudiants www.lmde.com Laurent MOULIN ,- chargé de prévention, au 04.37.27.12.33 / lmoulin@lmde.com
– Les professionnels regroupés dans AGI-SON
L’association Agi-Son regroupe des organisations d’emplyeurs et des fédérations de lieux de concerts: Prodiss (Syndicat national des producteurs, diffuseurs et salles de spectacles);Fédurok (Fédération de lieux de musiques amplifiées / actuelles); FSJ (Fédération des scènes de Jazz et de Musiques Improvisées); SMA (Syndicat national des petites et moyennes structures non lucratives de Musiques Actuelles); SYNAPSS (Syndicat national des petites structures de spectacles); FAMDT (Fédération des Associations de Musiques et Danses Traditionnelles); Technopol (Association pour la défense, la reconnaissance et la promotion des cultures, des arts et des musiques électroniques). L’association regroupe aussi des prestataires de services techniques: SYNPASE (Syndicat National des Prestataires de l’audiovisuel scénique et événementiel), des écoles de musique FNEIJMA (Fédération Nationale des Ecoles d’Influence Jazz et des Musiques Actuelles) et des radios associatives. Les membres associés d’Agi Son sont l’IRMA (Centre d’Information et de ressources sur les musiques actuelles), la Mutuelle des Etudiants), CIDB (Centre d’information et de documentation sur le Bruit) et Techno+ (réduction des risques en milieu festif.
L’Agence Danse Musique Théâtre Rhône-Alpes qui relaie la campagne d’Agi Son en Rhône-Alpes accompagne des politiques des collectivités publiques : outil d’observation,
d’analyse et d’aide à la conception de projet, exerçant son action au côté du Conseil régional
et du Ministère de la Culture.