On aurait pu croire que le Rhône ne se relèverait pas de l’impact des activités humaines qui l’ont affecté au 19e et 20e siècle: rejets polluants, lourds aménagements pour la navigation et la production d’électricité, prélèvement pour l’eau potable, l’irrigation et le refroidissement des centrales nucléaires …Pourtant, aujourd’hui le fleuve renaît. Il regagne en qualité :
plus aucun secteur du fleuve n’est classé en état médiocre ou mauvais. La pollution domestique a été divisée par 5 en 20 ans grâce à la mise aux normes des stations d’épuration. Les rejets industriels sont également beaucoup mieux traités et la
contamination par les PCB est sous surveillance.
Plus propre, le Rhône redevient aussi plus naturel. C’est le résultat d’un programme de restauration sans précédent, déclenché suite aux grandes crues de 2002 et 2003. Depuis 2005, des travaux sont ainsi engagés pour remodeler
le lit du Rhône et lui redonner un cours plus naturel, recreuser ses lônes, lui rendre sa vitalité et refaire de la place à la nature. Et ceci, sans remettre en cause navigation et production d’électricité. Près de 15 ans après, le défi écologique
est peu à peu relevé : 150 km de fleuve et affluents sont de nouveau accessibles aux poissons migrateurs, 38 km de berges et de bras secondaires ont été renaturés. C’est au final une mosaïque d’habitats favorables à la biodiversité. Grâce à l’augmentation des débits à l’aval des barrages, la réouverture d’anciens bras du fleuve, les poissons d’eau vive reviennent.
C’est une certitude, le bon fonctionnement du fleuve Rhône est un enjeu majeur pour l’écologie comme pour la santé économique et sociale des territoires qu’il traverse.
Le fleuve revivifié et ses milieux naturels associés rendent de nombreux services pour la sécurité de l’approvisionnement en eau, l’auto-épuration de l’eau et la capacité de résilience des territoires face au changement climatique. Ainsi, les zones humides, lorsqu’elles sont reconnectées au fleuve, limitent les crues en absorbant l’eau en excès qu’elles restitueront l’été pour soutenir le débit du Rhône. C’est fondamental car même pour ce fleuve abondant, les conséquences du dérèglement climatique seront sévères : on prévoit à l’horizon 2050une baisse de l’ordre de 40 % du débit à l’étiage.
Le fleuve revivifié, de nouveaux espaces pour les loisirs “nature”Avec la restauration du Rhône et de ses zones humides, le paysage s’embellit, le tourisme vert se développe. Bel exemple, la Via Rhôna, cette voie cyclable qui longe le fleuve sur plus
de 800 km du lac Léman jusqu’à la Méditerranée, a vu sa fréquentation augmenter de 26 % depuis 2013. Le nombre de kayakistes sur le Haut-Rhône a doublé en 3 ans. Et suite aux travaux sur les secteurs de Chautagne et Belley, entre Ain et Haute-Savoie, les pêcheurs sont revenus en nombre (+ 17% de cartes de pêche vendues entre 2003 et 2007). Car le Rhône
est magnifique. Quittez l’A7 pour aller à sa rencontre ! Ce fleuve majeur offre des lieux de loisirs, une qualité de vie pour ses riverains. Collectivités, saisissez-vous de ce nouveau Rhône pour en faire une marque d’attractivité sur vos territoires