Les technologies nucléaires sont utilisées dans le domaine médical, lors d’interventions, pour des examens de radiologie. Ces techniques sont utilisées aussi dans un but thérapeutique pour supprimer des tumeurs cancéreuses par exemple. Il s’agit à la fois, chaque fois, de réaliser des actes efficaces dans l’intérêt des patients, mais aussi d’assurer la protection des professionnels de santé.
En 2023 le bilan est celui d’un bon niveau de radioprotection, « avec toutefois des fragilités dans certains domaines et des « signaux faibles » d’une dégradation. » , explique en substance Laurent Albert, chef du pôle Nucléaire de proximité. Dans le secteur de la santé, le contexte global est de lui d’un manque de moyens financiers, Mais c’est aussi au niveau des ressources humaines que les tensions sont les plus fortes, comme dans les activités médicales non nucléaires.
Faute de professionnels en nombre suffisant les gestionnaires adaptent leur fonctionnement en mettant en place des solutions susceptibles de générer des risques. L’appel à des prestataires empêche de faire fonctionner des équipes intégrées, pour une activité suivie. Des intervenants se partagent sur plusieurs sites. La téléradiologie se développe en créant une distance entre les professionnels, mais aussi une distance avec le patient. Les organisations peuvent aussi répartir les tâches en procédant à des glissements, en faisant assumer une partie des tâches à des professionnels qui ne s’y consacrent pas exclusivement., » Des risques peuvent apparaitre du fait de glissement de tâches qu’elles sont susceptibles d’engendrer de dilution des responsabilités ou de moindre appropriation des enjeux de
radioprotection. »
Evaluer régulièrement
La répétition d’erreurs de cibles rappelle la nécessité d’évaluer régulièrement les mesures de sécurité. En Auvergne-Rhône-Alpes, les deux événements significatifs classés au niveau 2 de l’échelle ASN-SFRO ( Echelle de classement des évènements propre au secteur de la santé ) en 2023 étaient liés à une erreur de latéralité.
Le 28 septembre 2023, le centre de radiothérapie BAYARD à Villeurbanne a déclaré à l’ASN un événement significatif de radioprotection lors du traitement d’un cancer du sein par radiothérapie externe. À l’issue de la 6ème séance sur les 15 planifiées pour le traitement), l’établissement s’est aperçu d’une erreur de latéralité, les irradiations ayant été réalisées du mauvais côté.
Le 29 décembre 2023, le centre hospitalier de Fleyriat à Bourg-en-Bresse a déclaré un événement significatif de radioprotection survenu lors du traitement d’un patient par radiothérapie externe pour un cancer de l’oropharynx. A l’issue de la 19ème séance sur les 33 planifiées l’établissement s’est aperçu d’une erreur de latéralité. Les 19 séances ont été réalisées sur le côté pharyngé sain au lieu du côté atteint.
Pour les pratiques interventionnelles radioguidées, les inspections de 2023 montrent des non-conformités réglementaires persistent en radioprotection des travailleurs. Elles concernent surtout le manque de formation des professionnels à la radioprotection, la lenteur de mise en conformité des installations et la coordination des mesures de prévention avec les entreprises extérieures.
Une situation satisfaisante
Malgré tout, en radiothérapie et curiethérapie, les inspections de 2023 en Auvergne Rhône-Alpes montrent « une situation satisfaisante tant en radioprotection des patients que des travailleurs. Mais si » les fondamentaux de la
sécurité sont en place, les démarches de retour d’expérience ont tendance à s’essouffler et il est nécessaire de leur redonner du sens afin de maintenir l’intérêt des professionnels et de garder une démarche collective. » Un séminaire régional va réunir au début du mois de novembre les acteurs de la santé nucléaire. Pour l’Autorité de Sûreté Nucléaire, les services de médecine nucléaire, mais aussi l’Etat, les organismes de formations doivent agir pour que la situation ne se dégrade pas.
