En réponse à l’empreinte environnementale croissante du numérique à l’échelle mondiale, le rapport Green IT publié le 21 octobre émet des recommandations à l’attention des pouvoirs publics et des utilisateurs.
L’empreinte environnementale du parc numérique mondial actuel (2018) équivaut à celle d’un continent de 130 à 330 millions d’habitants. En 2025, elle aura augmenté d’un facteur 3 à 5 par rapport à 2010, et cette croissance devrait continuer à un rythme rapide. « Au rythme actuel, le numérique – qui dépend directement de ressources abiotiques en voie d’épuisement – sera considéré comme une ressource critique non renouvelable d’ici moins d’une génération, prévient le rapport Green IT sur l’empreinte environnementale du numérique mondial publié le 21 octobre. L’enjeu n’est donc même plus économique ou environnemental, c’est désormais une question de résilience : comment sauvegarder notre savoir et notre culture au format numérique sur le long terme malgré la raréfaction des ressources qui le composent ? »
Quatre recommandations
Partant de ce constat, le Rapport formule quatre recommandations :
- réduire le nombre d’objets connectés en favorisant leur mutualisation et leur substitution et en ouvrant leurs APIs pour allonger leur durée de vie ;
- réduire le nombre d’écrans plats en les remplaçant par d’autres dispositifs d’affichage : lunettes de réalité virtuelle, vidéo projecteurs LED, etc.
- augmenter la durée de vie des équipements en allongeant la durée de garantie légale, en favorisant le réemploi, et en luttant contre certains modèles économiques (opérateurs téléphoniques notamment). ;
- écoconcevoir les services numériques pour réduire leurs besoins en ressources numériques.
Mises en oeuvre dès 2010, ces 4 mesures auraient permis de réduire de 27 % à 52 % l’empreinte du numérique mondial sur la période observée.
Les pouvoirs publics doivent agir
Le rapport préconise également une action rapide des pouvoirs publics, notamment via des actions simples telles que :
- Obliger les fabricants d’objets connectés à ouvrir leurs APIs.
- Rendre obligatoire la distinction entre mise à jour logicielle corrective et évolutive.
- Consigner les EEE afin d’augmenter le taux de collecte des DEEE.
- Interdire des offres de réengagement contre des équipements à « 1 euros ».
- Créer une directive « réemploi » pour compléter la directive « WEEE ».
Les utilisateurs en première ligne
Enfin, le rapport s’adresse à tous les utilisateurs du numérique les appelant à prendre leur part de responsabilité et à exercer leur vigilance et leurs choix. Chacun peut :
- Eviter de se sur-équiper inutilement et en acquérant des produits d’occasion / reconditionnés.
- Allonger la durée de vie de ses équipements via leur réparation et leur réemploi.
- Eteindre sa box (ADSL / fibre) et le boîtier TV associé lorsque qu’il/elle ne s’en sert pas.
- Limiter son usage du Cloud et du streaming, surtout en 4G.
- Préférer la TNT à l’ADSL / fibre pour regarder la télévision.
« Toutes ces recommandations sont essentielles, à la fois parce qu’elles permettent de prendre le relais des gains d’efficience énergétique qui se tassent nettement, et d’autre part parce que les deux préconisations principales – allongement de la durée de vie et écoconception – sont également des axes de compétitivité pour la France , indique le rapport en conclusion. Il est donc nécessaire de changer de « braquet » et de modèle pour basculer aussi vite que possible vers une sobriété des usages numériques, mais aussi des technologies elles-mêmes. »