L’avenir des OGM passe par une évolution de la réglementation qui ne doit pas prendre en compte les techniques d’obtention mais les propriétés des nouveaux produits. C’est le point de vue de l’Académie américaine des Sciences.
Les impératifs alimentaires mondiaux vont pousser à favoriser une agriculture écologiquement intensive mais aussi une agriculture de précision et une agriculture capable de mieux utiliser le vivant à une échelle biologiques. Cela devra passer par une intensification de la recherche afin de développer de nouvelles variétés possédant des traits, par exemple, de résistance à la sécheresse ou permettant une meilleure utilisation de l’azote. Des avancées sur les techniques d’édition du génome devraient pousser à considérer davantage les produits obtenus que les procédés d’obtention.
Avec ou sans édition du génome
L’émergence des nouvelles techniques de sélection brouille cependant les pistes entre les plantes obtenues par ces techniques et les plantes obtenues de manières conventionnelles (sélection, hybridation, etc.). Les mêmes traits, par exemple de résistance aux herbicides, pourraient être obtenues sur une plante par différentes techniques, d’édition du génome ou non.
Les plantes possédant les mêmes traits présentent a priori les mêmes risques et bénéfices. Pourtant selon la technique d’obtention, elles sont considérées en tant qu’OGM ou en tant que cultures conventionnelles. Les définitions des OGM et les systèmes de régulation actuels ne sont pas optimaux pour évaluer les risques associés au déploiement de ces cultures, qu’elles soient génétiquement modifiées ou obtenues par sélection conventionnelle.
Les experts affirment que les chercheurs et les législateurs devraient s’intéresser davantage au produit final qu’au procédé d’obtention. Ils considèrent même que toutes les nouvelles variétés devraient faire l’objet de tests sanitaires poussés, au cas par cas, qu’elles aient été obtenues par des techniques d’édition du génome ou de manière conventionnelle. Les différents traits recherchés auront des effets différents sur la santé et l’environnement, de même que leur combinaison.
Globalement il n’y a pas de preuves étayant la nocivité des plantes génétiquement modifiées commercialisées tant sur l’environnement que la santé humaine. Le génie génétique devrait jouer un rôle pour obtenir des plantes plus résilientes au changement climatique.
Les experts reconnaissent que la recherche sur les effets des OGM, en partie déficiente, ne permet pas de traiter l’ensemble des aspects : étude sur l’alimentation animale non optimale, difficulté des études sur les pouvoir allergènes, etc.). Les experts appellent à davantage de recherche tant pour développer de nouvelles variétés, pour étudier leurs effets et comprendre leurs usages potentiels.
La question des OGM a des composantes sociales et économiques qui ne peuvent pas être résolues uniquement par la science. Leur régulation ne peut être envisagée au travers du seul prisme de la science doit prendre en compte le choix des citoyens. Malgré ces précautions, ce rapport n’a pas manqué de susciter des critiques de la part notamment d’associations environnementales ou de consommateurs. Dans un document publié la veille du rapport de l’Académie des Sciences sur les OGM, Food and Water Watch pointe les conflits d’intérêts qui existeraient entre le Conseil national de la recherche américain, considéré comme le bras armé de l’Académie des Sciences, et des entreprises de biotechnologies.