La fréquentation, la sur-fréquentation de la montagne surtout en hiver, comme les infrastructures portent gravement atteinte aux espèces d’oiseaux de montagne. Le 12 octobre à Challes-les-Eaux le séminaire de clôture du projet européen Birdski, piloté depuis par le Parc national de la Vanoise, en collaboration avec l’Observatoire des galliformes de montagne et le Conservatoire d’espaces naturels de Haute-Savoie a été suivi par près de 150 participants. Ont été publiés les résultats des actions menées depuis quatre ans dans des domaines skiables des Alpes du Nord.
Les participants venaient de divers pays (France, Suisse, Italie, Espagne, Belgique, Suède). Parmi eux, des parcs nationaux et régionaux, des gestionnaires de domaines skiables, l’Office Français de la Biodiversité, des services de l’État (Direction départementale des territoires, Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement, Commissariat de massif des Alpes, des collectivités territoriales (communautés de communes, Région Provence Alpes Côte d’Azur, départements), des associations (Ligue pour la protection des oiseaux, Fédérations de chasse), des constructeurs de matériels de visualisation, des chercheurs, des spécialistes
d’analyse d’images…
Des espèces menacées par la fréquentation et par les infrastructures
La montagne abrite des espèces d’oiseaux sensibles dont certaines sont devenues emblématiques, tels les grands rapaces – gypaète barbu, aigle royal… – et les galliformes – tétras-lyre, lagopède alpin… La montagne est aussi un espace de prédilection pour les loisirs hivernaux,
avec une forte présence humaine qui impacte la vie de ces oiseaux. L’impact de la fréquentation, et souvent de la surfréquentation est surtout important en hiver lorsque les oiseaux sont en situation de fragilité pour leur nourriture.
L’objectif du projet Birdski ( un terme de forme anglaise assez étrange) était d’agir, en lien avec les exploitants des domaines skiables, pour concilier protection des oiseaux de montagne et activités socio-économiques de ces territoires,. Le projet a concerné 17 domaines skiables en Savoie et 19 en Haute-Savoie.Il a permis de renforcer des dynamiques partenariales notamment avec les domaines skiables pilotes : Les Arcs/Peisey-Vallandry, Val Cenis et les Contamines-Montjoie.
Des actions de protection ont été menées autour de 3 axes :
• Visualisation de câbles de remontées mécaniques et Catex (câbles pour la prévention des avalanches), pour réduire les percussions d’oiseaux : 57 km linéaires de câbles dangereux ont ainsi été équipés de balises, sur l’ensemble des domaines skiables ;
• Création de zones de tranquillité (plantations et balisage) : 5 zones de tranquillité ont été créées dans les stations pilotes avec un balisage par piquets, élastiques et fanions qui a fait ses preuves. Des domaines skiables souhaitent maintenant mettre en place de nouvelles zones.
• Sensibilisation des skieurs au respect de ces zones et à la quiétude de la faune avec notamment la réalisation de supports de communication (messages à tonalité positive). On a pu mesurer que les zones de tranquillité ont été respectées, et ce jusqu’à 78 % des skieurs à Val Cenis.
Un autre volet du programme a été consacré à l’évaluation des actions grâce à des outils plus performants : l’utilisation de GPS embarqués
sur les oiseaux pour connaître leurs déplacements au sein des domaines skiables (53 tétras-lyres et 10 gypaètes équipés), recherche en écologie sensorielle pour mieux connaître ce que voient les tétras-lyres, image thermique et infrarouge pour identifier les déplacements des oiseaux près des remontées mécaniques. Ces connaissances nouvelles sur le comportement des oiseaux, leur physiologie et leur
écologie permettront de mieux les protéger, avec notamment l’amélioration des zones de tranquillité et l’évolution des matériels de visualisation des différents câbles sur les domaines skiables.
Le projet Birdski, auquel ont contribué financièrement le Parc national de la Vanoise, Asters et l’Observatoire des galliformes de montagne, a bénéficié notamment du soutien de la CIMA FNADT (État) et de l’Europe (FEDER-POIA) pour un montant global du projet de 490 000 €.
Plus d’information : cahier technique « Avifaune et domaines skiables »