L’Anses recommande la surveillance de 90 substances prioritaires pour évaluer l’exposition chronique de la population et les risques sanitaires associés. L’Agence recommande de mettre en place des campagnes pour évaluer l’exposition de populations vivant près des sources d’émissions de pesticides, notamment les riverains de zones agricoles.
Depuis plus de 10 ans, les Associations Agréées de Surveillance de la Qualité de l’Air (AASQA) ont fourni des données sur les concentrations en pesticides dans l’air. Malgré ces données, l’exposition aux pesticides présents dans l’air des populations agricoles, riverains de zones agricoles ou de la population générale, reste difficile à estimer. Faute de réglementation spécifique, la connaissance des niveaux de contamination demeure partielle et hétérogène.
L’Anses a été saisie par les ministères en charge de l’Agriculture, de l’Ecologie, de la Santé et du Travail pour apporter définir de modalités de mise en œuvre d’une surveillance nationale des pesticides dans l’air ambiant en France. Cette demande intervient après l’arrêté du 10 mai 2017, établissant le plan national de réduction des émissions de polluants atmosphériques (PREPA) pour 2017-2021.
Un groupe d’experts pluridisciplinaires, s’appuyant notamment sur le retour d’expérience des AASQA, a établi une liste de substances à surveiller en priorité. L’ANSES émettre des recommandations sur la stratégie d’échantillonnage et les modalités de prélèvements et d’analyses.
Le terme « pesticide » recouvre un grand nombre de substances chimiques entrant dans la composition des produits phytopharmaceutiques, de certains biocides, de médicaments vétérinaires et d’antiparasitaires à usage humain. Certaines substances peuvent être présentes dans l’environnement du fait de leur biopersistance.
L’Anses rappelle la nécessité de surveiller les pesticides dans l’air ambiant pour évaluer l’exposition chronique de la population générale et les risques sanitaires associés. Ces données permettront d’informer la population et de prendre des mesures visant à réduire les expositions si nécessaire. Elles seront utilisées dans le cadre du dispositif de phyto-pharmacovigilance de l’Anses, qui surveille les effets indésirables des produits phytopharmaceutiques disponibles sur le marché.
Le protocole d’une campagne exploratoire sera défini par le Laboratoire Central de Surveillance de la Qualité de l’Air (LCSQA), en lien avec plusieurs AASQA. L’Anses contribuera au financement de cette campagne par son dispositif de phytopharmacovigilance, dans le cadre d’un partenariat avec le LCSQA et la Fédération ATMO. L’ANSES recommande des campagnes particulières pour évaluer l’exposition des populations vivant près des sources d’émissions de pesticides : riverains des zones agricoles, gares et aéroports, zones industrielles, silos, proximité de zones où la lutte anti-vectorielle ( contre les insectes porteurs éventuels de maladies) est mise en œuvre, etc.
Les recommandations de l’Agence seront également utilisées dans le cadre de l’étude qu’elle mène avec Santé Publique France sur l’exposition des riverains de zones agricoles et pour laquelle des mesures environnementales seront couplées à des mesures d’imprégnation dans des milieux biologiques humains (urine, cheveux…).