L’INSERM a publié le 2 octobre une expertise collective sur les liens entre environnement et cancer. Les chercheurs mobilisés par l’Institut, ont établi des recommandations pour plusieurs types de polluants, de l’amiante au radon en passant par les rayonnements X et gamma.
L’INSERM fait des recommandations pour les pesticides en rappelant que les pesticides regroupent différentes familles chimiques destinées à différents usages (insecticides, herbicides, fongicides…), Le Centre international de Recherche sur le Cancer a classé l’application professionnelle d’insecticides non arsenicaux dans les activités relevant du groupe cancérogène probable (groupe 2A). L’arsenic est classé comme cancérogène certain. Le captafol et le dibromure d’éthylène sont classés comme cancérogènes probables (groupe 2A) et dix-huit molécules, dont le DDT, sont considérées comme cancérogènes possibles (groupe 2B).
Liens difficiles à établir
L’expertise de l’INSERM rappelle la difficulté d’établir un lien certain entre les expositions aux pesticides et les différents types de cancer. Les expositions professionnelles ont été mises en cause dans les hémopathies malignes lymphoïdes et des études en milieu agricole suggèrent l’implication des pesticides dans les tumeurs cérébrales et dans les cancers hormono-dépendants comme les cancers de la prostate, du sein, des testicules, de l’ovaire.
Pour les expositions domestiques, l’expertise de l’INSERM rappelle que les pesticides, notamment les insecticides utilisés par la mère pendant la grossesse et pendant l’enfance sont régulièrement associés aux leucémies. L’utilisation de pesticides a été à un moindre degré associée aux tumeurs cérébrales.
Mais les risques liés aux quelque mille molécules commercialisées en France ne peuvent être évalués faute de données toxicologiques et épidémiologiques suffisantes. La plupart des études souffrent d’une forte imprécision sur l’exposition souvent réduite à la notion d’utilisation ou non de pesticides ou des grandes familles telles que insecticides, fongicides, herbicides. La réalité de l’exposition en milieu agricole est beaucoup plus complexe, du fait de la diversité des secteurs, des cultures, des tâches et du matériel utilisé.
Réduire les expositions
Les pesticides sont retrouvés dans tous les compartiments de l’environnement et peuvent donc conduire à une exposition de la population générale par les aliments, l’eau de boisson, l’air intérieur et extérieur et les poussières de la maison. Les données sur les risques sanitaires liés à ces contaminations demeurent trop parcellaires pour pouvoir être prises en compte dans la définition des seuils dans les différents milieux.
L’expertise de l’INSERM recommande de réduire les expositions selon les objectifs du plan interministériel de réduction des risques liés aux pesticides 2006-2009. Il faut encore renforcer l’information des utilisateurs professionnels ou domestiques. Il faut mieux former les professionnels
Les recherches doivent être développées pour pieux connaître la contamination des compartiments de l’environnement (air, eau, sol et denrées alimentaires) Le suivi des populations exposées doit être amélioré. Comme pour d’autres polluants, les effets des expositions chroniques à de faibles doses de pesticides et ceux des mélanges demeurent un problème non résolu.