Avec des investissements photovoltaïques importants depuis plusieurs années dans le secteur agricole, le Cantal doit gérer une production d’électricité qui dépasse souvent la consommation. Enedis, l’agence régionale de l’énergie Aura-EE et Hespul développent un réseau intelligent pour gérer cet excédent.
Enedis, l’agence régionale Auvergne-Rhône-Alpes Énergie Environnement et l’association Hespul ont présenté, lors d’un webinaire, le réseau électrique intelligent « Flex Cantal » à des producteurs ou futurs producteurs d’électricité photovoltaïque du Cantal.
Le département du Cantal connaît depuis plusieurs années un développement fort et rapide de la production d’électricité solaire, au point d’être devenu le quatrième département pour le nombre d’installations de production photovoltaïque de puissance supérieure à 36 kVA. Le Cantal est également, avec la Drôme, le département d’Auvergne-Rhône-Alpes qui possède la plus importante puissance photovoltaïque installée, avec 148 MW à la fin de 2019.
Le secteur agricole cantalien fortement impliqué dans le photovoltaïque
En effet, le secteur de l’élevage a misé massivement sur la production électrique d’origine solaire en investissant dans des installations sur les toits de bâtiments d’exploitation présentant des surfaces importantes. Ce développement important, qui implique des raccordements à des réseaux de distribution d’électricité principalement ruraux, est à l’origine de fréquents déséquilibres sur près d’un quart des départs de lignes électriques Haute Tension du département. En effet, sur ces territoires peu industrialisés, où les réseaux sont longs et l’habitat dispersé, la production électrique dépasse souvent la consommation.
Un projet pour développer les flexibilités locales
Pour accompagner la transition énergétique dans le Cantal, Enedis propose, dans le cadre du projet Flex Cantal, d’expérimenter, en alternative au renforcement des réseaux électriques, de nouvelles solutions techniques de réseau intelligent, basées sur les mécanismes de « flexibilités locales », c’est-à-dire l’ensemble des solutions permettant d’ajuster sur le réseau l’équilibre entre la production et la consommation. Les sources de flexibilités sur le réseau de distribution sont nombreuses et peuvent couvrir toutes sortes de technologies, notamment liées au stockage (véhicules électriques, ballons d’eau chaude, stockage hydrogène etc.). Mais elles peuvent être également proposées par des consommateurs ou producteurs, comme une centrale qui diminue ou augmente sa production pour lever une congestion sur le réseau, ou un groupe de particuliers qui diminuent ou reportent leur consommation en anticipation d’un pic de froid.
L’entreprise Mecojit, développeur, bureau d’études et installateur photovoltaïque dans le Grand Sud, a accepté de se porter candidate à l’expérimentation menée par Enedis dans le but de permettre le raccordement de nouvelles installations de production dans des lieux où la consommation d’électricité est faible. Enedis, accompagnée de ses partenaires Hespul et Aura-EE, a proposé à tous les producteurs ou futurs producteurs d’énergie photovoltaïque de partager cette opportunité.
Un autre volet de l’expérimentation concerne la mise en place de nouveaux réglages au niveau des installations de production. Ceux-ci sont rendus possibles notamment grâce à l’architecture communicante Linky qui permet de connaître l’état du réseau en ses différents points et de mutualiser entre les installations de production les mesures d’équilibrage de la tension participant à garantir la qualité de l’électricité fournie. Le but est de garantir une électricité de qualité en tension et en fréquence même en cas de fort déséquilibre entre des productions locales élevées d’électricité photovoltaïque et des consommations faibles. Les acteurs de l’écosystème régional, le syndicat Aura Digital Solaire, le pôle de compétitivité Tenerrdis et l’Institut Smart Grids se mobilisent déjà pour que les acteurs régionaux se placent en précurseurs de ce type d’initiatives.