L’écologue Sandra Lavorel , chercheuse du CNRS à l’Université Grenoble Alpes, a reçu mercredi des mains de Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, la médaille d’or du CNRS . Cette médaille s’accompagne d’une dotation de 50 000 euros de la part de la Fondation CNRS. Créée en 1954, la médaille distingue des scientifiques ayant contribué de manière exceptionnelle au dynamisme et au rayonnement de la recherche française.
Spécialiste du fonctionnement et de la dynamique des écosystèmes, Sandra Lavorel est pionnière dans la définition et l’analyse des services rendus par ces écosystèmes aux sociétés humaines. Elle a ainsi montré que l’altération de la biodiversité et des écosystèmes due aux changements globaux a des impacts sociétaux et économiques quantifiables. L’ensemble de ses travaux viennent régulièrement éclairer les politiques d’aménagement et de gestion de la biodiversité des territoires.
Pour Antoine Petit, président-directeur général du CNRS, « Sandra Lavorel mène des recherches qui œuvrent à une meilleure compréhension des enjeux environnementaux contemporains et à venir. Elles permettent d’appréhender le fonctionnement et les dynamiques des écosystèmes en réponse aux changements planétaires … … En lui décernant la Médaille d’or 2023, le CNRS souhaite rendre hommage au parcours exceptionnel de cette éminente écologue française. Sa renommée internationale et son engagement pour apporter son expertise scientifique en appui aux décisions publiques constituent autant de témoignages de l’excellence qui jalonne son parcours. »
Née en 1965 à Lyon, Sandra Lavorel, après des études à l’Institut national agronomique Paris-Grignon, obtient un doctorat en Ecologie et Sciences de l’évolution à l’Université des sciences et techniques du Languedoc, Montpellier , avant d’effectuer un post-doctorat à l’Université nationale australienne.
Depuis 2003 au Laboratoire d’Ecologie Alpine
De retour en France, Sandra Lavorel intègre en 1994 le Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive de Montpellier avant de rejoindre en 2003 le Laboratoire d’écologie alpine (CNRS/Université Grenoble Alpes/Université Savoie Mont Blanc), où elle mène aujourd’hui encore ses recherches.
En 2020 Sandra Lavorel est détachée pendant deux ans au Manaaki Whenua Landcare Research en Nouvelle-Zélande, institut de recherche dont elle est depuis chercheuse associée. Entrée au CNRS en 1994, Sandra Lavorel est membre de l’Académie des sciences depuis 2013.
Sandra Lavorel a montré que les changements climatiques et d’usage des sols ( forêts, prairies, cultures, changements de culture, imperméabilisation ) impactent la morphologie et la physiologie des plantes et les écosystèmes auxquels ces plantes appartiennent. Ces travaux ont posé les fondements de nouveaux axes de recherche sur la dynamique de la biodiversité et des écosystèmes.
Contributions de la nature aux activités humaines
Ils permettent d’élaborer des scénarios d’évolution des paysages particulièrement utiles aux politiques d’aménagement et de gestion de la biodiversité. Les recherches interdisciplinaires de l’écologue ont contribué au développement du concept de contribution de la nature à l’adaptation sociale, une nouvelle manière d’explorer les solutions fondées sur la nature pour faire face aux changements globaux.
Actrice majeure de sa discipline, Sandra Lavorel est faite officier de l’ordre national du Mérite en 2016 et officier de la Légion d’honneur en 2022. En 2020 elle reçoit la plus haute distinction de la British Ecological Society en étant nommée membre honoraire. La même année elle devient membre étrangère de la National Academy of Sciences des États-Unis. Sa carrière est également marquée par plusieurs récompenses remarquables. Parmi d’autres, le prix Ramon Margalef d’écologie décerné en 2020 par la Généralité de Catalogne et le Prix Frontiers of Knowledge Award de la Fondation BBVA dans la catégorie écologie et conservation de la biodiversité en 2021.
Son expertise lui a valu d’être impliquée dans différentes instances d’évaluation nationales et internationales. De 2018 à 2022, elle été membre du comité interdisciplinaire d’experts de l’IPBES, plateforme internationale de référence sur la biodiversité . Dans ce cadre elle a co-édité le rapport GIECC-IPBES sur la biodiversité et le changement climatique paru en 2021. Elle participe actuellement à l’évaluation Nexus sur les liens d’interdépendance entre la biodiversité, l’eau,l’alimentation, la santé et le climat de l’IPBES.