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Politiques climatiques : il faut anticiper les obstacles selon des experts réunis par l’EPFL

Le succès des politiques climatiques dépend de la préparation aux impacts négatifs que ces politiques peuvent générer comme des suppressions d’emplois dans les secteurs liés aux énergies fossiles. Tel est le message d’un groupe de scientifiques et décideurs, coordonné par le centre IRGC de l’école polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL).

Le dernier rapport d’orientation politique du Centre international de gouvernance des risques  de l’EPFL propose une feuille de route pour anticiper et minimiser les risques liés à la transition vers une société de neutralité carbone.

Avec le retour des États-Unis d’Amérique dans la communauté des signataires de l’Accord de Paris, 2021 devrait connaître une ’intensification des activités politiques en vue de la COP26, la Conférence des Parties de Glasgow sur les changements climatiques, en novembre 2021. Lors de la COP, les États signataires devront à nouveau s’engager à respecter leurs objectifs de baisse des émissions.

« 2021 pourrait être l’année la plus importante en termes d’action climatique depuis 2015, estime Aengus Collins, directeur adjoint du Centre international de gouvernance des risques (IRGC) à l’EPFL. L’obligation la plus pressante est d’assurer que les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre seront atteints pour éviter les conséquences les plus graves du réchauffement global. »

Effet Gilets jaunes

Or, avertit Aengus Collins, si la décarbonation a des résultats positifs à long terme, elle a des effets négatifs à court terme. Des mesures en faveur de la transition font l’objet d’une opposition publique. C’est ce qui est arrivé en France avec le mouvement des gilets jaunes déclenché par la décision d’augmenter le prix de l’essence en instaurant une taxe carbone.

Ces difficultés économiques et sociales impliquent selon Aengus Collins, « d’anticiper les bouleversements involontaires que ces politiques pourraient entraîner dans certains pays ou pour certaines communautés. » Le Centre international de gouvernance des risques de l’EPFL (IRGC) a pour cela en septembre 2020 un groupe d’experts pour mieux comprendre et planifier les impacts négatifs ou risques des transitions.

Le rapport Risk governance and the low-carbon transition définit huit catégories de risques : économiques, financiers, sociétaux, environnementaux, technologiques, énergétiques, géopolitiques et entrepreneuriaux. Il souligne la nécessité de gérer ces risques de manière systématique et collective pour ne pas manquer d’importantes interconnexions.

Des transitions complexes

Les solutions pour les risques individuels ne suffisent pas. Il faut agir sur les associations complexes qui relient les risques entre eux. «Le changement climatique montre à quel point il est important de penser en termes de systèmes complexes », explique Aengus Collins. L’IRGC recommande d’anticiper les préjudices des potentiels effets secondaires de la transition, afin de prévoir leur mitigation.

Une accélération de la transition

Le rapport de l’IRGC est publié alors qu’en vue de la COP 26 s’accumulent les indices d’une accélération de la transition vers une société neutre en carbone. De plus en plus de gouvernements et de régions ont adopté des échéances telles que 2050 pour parvenir à des émissions nettes négatives. C’est le cas de l’Union européenne, de la France, de la Hongrie, de la Suède, du Royaume-Uni, du Japon, de la Nouvelle-Zélande, et de la Corée du Sud.

De même, les entreprises subissent à une pression croissante pour participer plus activement à l’atteinte de ces objectifs. D’importants investisseurs menacent de quitter les sociétés qui n’auraient pas planifié leur transition de manière adéquate. Aux Pays-Bas, un procès est en cours contre Shell. Le secteur financier était l’un des premiers à réagir, avec la Taskforce on Climate-related Financial Disclosures (TCFD) qui recommande que les entreprises publient certaines informations afin de permettre une plus grande transparence et de meilleures prises de décision chez les investisseurs. Dans l’UE, un fonds doté de 17,5 milliards d’euros, pour une transition ‘juste » soutiendra les régions touchées par des bouleversements socio- économiques dus à la réduction des secteurs dépendants des énergies fossiles.

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