Le changement climatique est bien déjà le défi du vingt-et-unième siècle pour 83 % des habitants de la France. Quel que soient leur âge ou leurs opinions politiques, les Français ne sont jamais moins de 70 % à penser que le climat doit être maîtrisé. C’est le résultat de la partie française de l’enquête menée par la Banque Européenne d’Investissement auprès de 30 000 européens de 30 pays.
La Banque européenne d’investissement (BEI) est l’outil financier de l’Union européenne pour l’accord de prêts à des projets soumis par des collectivité territoriales ou des Etats. Elle est aussi le premier bailleur de fonds multilatéral au monde pour des projets à l’appui de l’action climatique. A ne pas confondre avec la Banque Centrale Européenne, qui ne s’occupe que de la monnaie européenne, l’euro, dont elle garantit la valeur.
La BEI vient de publier l’édition 2021-2022 de son enquête sur le climat. La Banque dans le cadre de ses interventions pour le financement de projets pour la transition énergétique veut évidemment connaître l’état des opinions sur la transition en cours. Plus de 30 000 Européens ont été interrogés entre le 26 août et le 22 septembre 2021, avec un panel représentatif pour chacun des 30 pays examinés, l’enquête ayant été menée aussi en Norvège, au Royaume-Uni et en Suisse.
Presqu’un consensus
Le climato-scepticisme a reculé, mais il reste encore une minorité de partisans. Un premier constat s’impose en effet, qui peut surprendre : 5 % des Français ayant des opinions de gauche estiment que le réchauffement n’est pas dû aux activités humaines, soit 11 points de moins que ceux de droite (16 %). Et 22 % des sympathisants de l’extrême droite sont encore sceptiques à l’idée que l’être humain soit la principale cause de la crise climatique.
Premier constat : pour une grande majorité d’habitants de la France sondés par l’institut BVA, le changement climatique est une affaire sérieuse. Pour 83 % des personnes interrogées, le changement climatique et ses conséquences sont le plus grand défi du XXIe siècle. Ce chiffre est supérieur à 70 % quelles que soient les tranches d’âge et les tendances politiques. Ce qui est le signe d’une prise de conscience assez généralisée, même si des différences apparaissent.
Cette position majoritaire, proche d’un consensus cache parfois des écarts, qui recoupent des différences, voire des clivages sur d’autres plans, notamment les plans politique et générationnel.
Sentiment à l’égard de la crise climatique
Une grande majorité des Français (71 %) estiment que le changement climatique a des répercussions sur leur vie quotidienne. La proportion est particulièrement élevée chez les 15-29 ans (78 %), mais de 16 points plus faible (62 %) pour les plus de 64 ans. Sans doute pour des raisons de situation sociale, de revenus, de mode de vie, les sympathisants de gauche sont 76 % à estimer que ce changement touche leur vie quotidienne, 10 points de plus que les sympathisants de droite (66 %). Mais il ne s’agit pas là d’un fossé puisque pour les sympathisants de droite, l’impact est aussi ressenti très majoritairement.
Au total, 74 % des Français estiment se préoccuper plus de l’urgence climatique que ne le font les pouvoirs publics. Ce chiffre exprime le décalage classique dans une opinion plus prompte à critiquer qu’à suivre et à montrer le mouvement. Au final, pour ne rien changer dans leur attitude souvent négative, les Français sont plutôt pessimistes quant à la capacité de la France à réussir une transition écologique ambitieuse.
Pour seulement 40 % la France parviendra à réduire ses émissions de carbone d’ici 2050, conformément à l’engagement de l’accord de Paris sur le climat. La différence entre génération apparaît là encore avec une différence de 22 points : les moins de 30 ans pensent à 51 % que la France réussira, les plus de 64 ans étant plus pessimistes à raison de 29 %. Ces derniers sont 71 % à penser que la France ne sera pas à l’heure de l’échéance de 2050, un pessimisme exprimé par 66 % des sympathisants de gauche, plus pessimistes que les sympathisants de droite (59 %).
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