La crise politique actuelle, est le résultat d’un mal diagnostiqué depuis longtemps, une société française gérée par un Etat hypercentralisé, de surcroit parisien, élyséen et versaillais.
Le mal a été décrit depuis longtemps, par des historiens, des géographes. Il remonte au moins au temps de la monarchie absolue de droit divin, évoquée par Alain Peyrefite en 1972 dans son livre le Mal Français.. Le Roi Soleil avait détruit l’aristocratie locale, les pouvoirs des provinces, réglementé et étatisé l’économie, aspiré la richesse du pays pour les fastes de Versailles ( toujours vénéré par le pouvoir), et pour ses guerres européennes. Sans parler de la chasse aux protestants, contraints de quitter la France, pour l’Allemagne, la Suisse, l’Angleterre, les Pays-Bas, emportant avec eux leur sens de l’entreprise, de l’innovation.
L’Etat reste lourd, compliqué, surveillant tout, interdisant ici et là, ce qui n’a pas empêché le déménagement du territoire, la désindustrialisation, le creusement des inégalités entre des métropoles riches ( qui ont aussi leur ghettos) et des campagnes oubliées.
La crise actuelle résulte d’un exercice du pouvoir présidentiel dévoyé. Comme le rappelait Alain Peyrefite , le Président n’a pas de » majorité » présidentielle, son devoir n’est pas de répondre à ceux qui ont voté pour lui. IL est d’unir, d’apaiser, de voir loin. Pas de de mêler de tout, du football à Gérard Depardieu, d’aller d’hommage en hommage. Le président ne doit pas gouverner. Il doit voir loin et large.
M. Macron a mis fin au mandat de députés élus il y a deux ans, engagés dans un énorme travail trop souvent ignoré, mal présenté par les médias. Les Députées et Députés travaillent, et s’ils sont parfois en désaccord, ils montrent un exemple républicain, d’engagement de terrain, de compétence, et un sens du compromis. C’est le cas des Sénateurs.
Nous devons donc aller vers une démocratie parlementaire, plus de 1000 élus, reflétant les diversités territoriales, de sensibilités, exprimant un immense potentiel d’idées. L’Assemblée nationale ne doit pas être le lieu obligé de fournir une majorité au Président de la République. L’Assemblée doit être le lieu d’alliances de fond, sur les grands sujets, de compromis sur d’innombrables dossiers. Pour faire avancer chaque jour le pays.
Le Parlement ne doit pas être à la remorque du Président. Le Parlement, ne doit pas avoir pour objectif de soutenir le Président. L’Assemblée nationale générer des majorités stables dans le cadre d’alliances durables autour des priorités de la Nation, c’est à dire des Français.
Ces priorités sont claires : lutte contre le changement climatique, transition juste, aménagement radicalement nouveau du territoire, décroissance des Métropoles, émergence de bio-régions au niveau des intercommunalités, réindustrialisation, dé-smicardisation des emplois, comme l’a dit le premier ministre, réforme de l’Education nationale.
L’Assemblée Nationale doit aussi avoir voix au chapitre en matière de politique étrangère. La France doit développer de nouveaux rapports avec les pays du Sud, notamment en Afrique subsaharienne, afin de participer avec l’Europe au développement du continent où la France a d’énormes responsabilités, et d’énormes perspectives.
Il faut pour cela que change la conception du pouvoir. Détenir le pouvoir, ce n’est pas imposer, se refermer, c’est construire les compromis constructifs, positifs, capables de convaincre dans la clarté, une grande majorité de citoyens.
Michel Deprost