Un éditorial précédent expliquait que supprimer le département en tant que collectivité permettrait de simplifier le mille-feuille territorial français très complexe. Cependant, il est possible d’aller encore plus loin dans la simplification, notamment en fusionnant des communes et en réduisant le nombre de régions.
La France compte aujourd’hui 36 682 communes pour 65 000 000 d’habitants. C’est le pays qui possède le plus de communes en Europe. Ainsi, l’Allemagne en compte en viron 11 500 pour plus de 81 millions d’habitants, tandis que l’Italie en est constituée de près de 8 100 pour 61 millions d’habitants.
A elle seule, la France possède 40% des communes de l’Union Européenne. Plus de 30 000 communes comptent moins de 2 000 habitants, tandis que six communes n’en ont aucun. A l’heure où il est urgent de réduire le déficit des finances publiques, n’est-il pas absurde de compter encore autant de communes ? Le problème n’est pas tant l’indemnité des Maires que le coût d’une organisation complexe, pas toujours efficace, inadaptée à de nombreux enjeux en particulier environnementaux.
Mais on peut pousser l’absurde encore plus loin : le département du Rhône compte 293 communes, alors que la Suède en possède 290. Chercher l’erreur ! Pour rémédier ce problème, la meilleure solution serait de fusionner plusieurs communes. Le Rhône a déjà connu des fusions. Ainsi, à la fin du XVIIIème siècle, la commune de Caluire-et-Cuire a été créée suite à la fusion entre la ville de Caluire et le quartier de Cuire. En 1972, la commune de Rillieux-La-Pape a vu le jour suite à l’unification des communes de Rillieux et de Crépieux-La-Pape.
Bien évidemment, ces fusions doivent être réfléchies. Elles ne doivent pas s’effectuer au hasard. Une fusion doit se faire entre des villes ou des villages limitrophes, sans que l’une des parties ne soit lésée par rapport aux autres.
En attendant le développement des intercommunalités est un premier pas.
Moins de Régions plus avec plus de pouvoirs
Cette réduction pourrait également s’appliquer pour les régions françaises. Ainsi, la France compte 26 régions, dont 22 en métropole, contre 16 länder en Allemagne, 17 communautés autonomes en Espagne, et 20 régions en Italie. Certes, les régimes politiques varient d’un pays à l’autre, et la puissance des Régions n’est pas la même partout. Cependant, une réduction du nombre de régions en France doit entraîner en contre partie une accélération de la décentralisation avec une plus grande autonomie pour ces régions, et un renforcement de leurs compétences dans des domaines comme la gestion des déchets, de l’eau, des transports ou de l’énergie.
La réduction du nombre de régions avait été évoquée à l’occasion de la réforme des collectivités territoriales françaises de 2008 voulue par Nicolas Sarkozy. Ainsi, l’une des propositions effectuées par le Comité Balladur était de faire passer le nombre de régions en France métropolitaine de 22 à 15. Pour cela, plusieurs pistes avaient été évoquées : unification des deux Normandies, regroupement de l’Alsace et de la Lorraine, union entre les régions d’Aquitaine et de Poitou-Charentes, fusion entre l’Auvergne et le Limousin, ainsi qu’entre la Bourgogne et la Franche-Comté.
Evidemment, ces réformes sont plus faciles à évoquer qu’à appliquer, dans la mesure où beaucoup de gens ne veulent pas évoluées et s’arrêtent à des querelles de clocher, en prétendant par exemple que leur village est trop différent de celui d’à côté, et qu’ils ne veulent pas d’une fusion. Les hommes politiques sont également responsables, car beaucoup n’osent pas aller au bout de ces propositions, par peur de ne pas être réélus. Cependant, la nécessité de fusionner des communes et de réduire le nombre de régions est de plus en plus évoquée, et il faut espérer que certaines propositions seront menées à terme dans les prochaines années.
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