Les cantons de Vaud et du Valais, en Suisse, ont lancé avec l’aide du gouvernement, la troisième correction du Rhône, complètement transformé au dix neuvième et au vingtième siècle.
Le projet suisse a été exposé ce mercredi par Jean-Pierre Jordan, de l’Office Fédéral de l’Environnement, de Berne, lors du colloque organisé par le Cemagref sur les risques.
La première correction, explique Jean-Pierre Jordan, a été faite entre 1860 et 1890. Elle a endigué le Rhône sur l’emprise actuelle, les digues étant protégées par des épis destinés à forcer le courant. Entre 1930 et 1960, la deuxième correction a suivi des inondations. Les digues ont été réhaussées et les espaces entre les épis comblés. Conséquence, le lit du fleuve, rétréci, a eu tendance à s’inciser. Mais surtout, ce type d’aménagement n’a pas tout réglé a expliqué Jean-Pierre Jordan, lors d’une matinée où plusieurs communications ont été consacrées au Rhône.
Plus de la moitié des digues sont instables
De Brig au Léman, le Rhône traverse une vallée très urbanisée, avec une autoroute et la voie ferrée du Simplon. Il coule à des niveaux supérieurs de 3 à 3,5 mètres au dessus de zones immenses habitées ou équipées. Le risque de rupture n’est pas une fiction. Plus de la moitié des digues peuvent être qualifiées d’instables. Une grande partie de la plaine est menacée par des inondations. Le potentiel de destruction serait de 2,5 milliards d’euros. Avec la reconstruction, il faudrait compter 5 milliards, auxquels s’ajoutent les dégâts sur l’industrie, évalués entre 3 et 4 milliards. Le déficit de sécurité n’est pas le seul. La plupart des milieux naturels ont disparu.
Objectif : sécurité et nature
L’objet du projet de troisième correction est la sécurité, mais aussi l’environnement.
« Contrairement à la stratégie actuelle, l’objectif est de faire face à une crue centennale avec des déversements, des corridors de déversement». Plusieurs solutions existent, et c’est l’élargissement qui sera choisi de préférence, même s’il faut déplacer lignes à haute tension ou voiries.
La troisième correction qui prendra plusieurs décennies se déroule à deux vitesses. Quatre secteurs sont prioritaires et seront l’objet de travaux rapides, puis un aménagement général sera mené. Le plan , a rappelé Jean-Pierre Jordan, est basé sur une démarche participative, avec six comités régionaux de pilotage réunissant des représentants communaux et des associations. Les mêmes comités doivent imaginer le développement de la plaine.
A Viège, la première opération a commencé. Sur ce secteur de 8 kilomètres, qui comprend une industrie chimique importante, le potentiel de dommage est estimé à 1 ou 2 milliards d’euros pour l’industrie, à 300 millions d’euros pour la ville de Viège. Un élargissement a été décidé à l’amont pour la crue millénaire. La capacité de débit du fleuve a été augmentée de 5%. A l’embouchure de la Viège, un autre élargissement a été réalisé. Plus à l’aval, un déversoir est créé dans la plaine. Le coût du projet est estimé à 45 millions d’euros, auxquels il faut ajouter 5 millions d’euros pour les achats de terrain, l’enterrement d’une ligne à haute tension, le déplacement d’un gazoduc, et l’indemnisation des pertes de surfaces agricoles. La facture en tout s’élève à 65 millions d’euros.