Le rapport de l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée Corse sur la qualité de l’eau des rivières soulignent l’importance de la réduction des micro-polluants.
L’analyse des micropolluants organiques dans les eaux des milieux naturels des bassins surveillés par l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée Corse a commencé au début des années 1990, rappelle le rapport sur la qualité des eaux publié récemment par l’Agence. Depuis, les
progrès scientifique permettent de déceler de nouvelles contaminations, à des doses très faibles qu’il était auparavant impossible de détecter. Le nombre de substances découvertes dans les milieux naturels augmente avec la finesse des analyses.
Plus de 50% des substances toxiques dans les rivières sont des pesticides, substances destinées à lutter contre des organismes nuisibles aux cultures agricoles, comme à celles des jardins d’amateurs. En 2021, sur les 1037 paramètres analysés dans les cours d’eau des bassins de Rhône–Méditerranée et de Corse, plus de 500 substances toxiques ont été détectées. Les pesticides représentent plus de la
moitié des substances. Le glyphosate et son métabolite l’AMPA arrivant en tête. Avec plus de 1300 tonnes vendues sur les bassins Rhône–Méditerranée et de Corse en 2020, le glyphosate est le produit phytosanitaire le plus vendu.
Herbicides toujours présents
Concernant les eaux souterraines, 90 % des nappes sont en bon état chimique mais les pesticides peuvent constituer une menace pour l’alimentation en eau potable. Près de 20 ans après leur interdiction, les triazines et leurs produits de dégradation sont présents dans certaines eaux souterraines, parfois à des concentrations supérieures aux normes exigées pour l’eau potable. Le renouvellement des eaux souterraines étant un processus long, ces substances dégraderont la ressource durant encore de nombreuses années.
Pour pallier l’interdiction des triazines comme herbicides, les agriculteurs ont majoritairement utilisé le S– métolachlore, dont les produits de dégradation se retrouvent très fréquemment dans les eaux. Seules les zones montagneuses du bassin (Jura, Alpes, Massif Central, Pyrénées, Corse), où l’agriculture intensive est absente, sont épargnées par ce type de contamination.
Parmi les autres micropolluants organiques présents dans les cours d’eau on retrouve des substances utilisées comme plastifiants (revêtements de sols, emballages alimentaires…), mais aussi dans la fabrication d’insecticides ou pour la fabrication de produits détergents. Le bisphénol A, reconnu comme perturbateur endocrinien, interdit d’usage en France dans les contenants alimentaires ou le formaldéhyde, classé par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) comme « substance cancérogène avérée pour l’homme » peut être retrouvé dans des eaux naturelles.
Des substances pharmaceutiques dans les rivières
Depuis 2015, l’agence de l’eau suit près de 200 polluants « d’intérêt émergent dans le milieu ». Il s’agit de substances pharmaceutiques, de stéroïdes, d’hormones, de stimulants, de cosmétiques dont les effets sur la vie aquatique peuvent être négatifs. Parmi ces substances, plus de 130 sont présentes dans les cours d’eau des bassins de Rhône–Méditerranée et de Corse, rejetées principalement dans les excrétas (urine, fèces) des humains et des animaux domestiques et dont le traitement dans les stations d’épuration n’est souvent que partiellement efficace.
La famille des per– et polyfluoroalkylées (PFAS) regroupe près de 5 000 substances produites depuis les années quarante. Même si l’usage des substances les plus connues est restreint par la convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants, d’autres substances de la même famille les ont remplacés. Leurs propriétés physico–chimiques (sur-factantes, résistantes aux chaleurs
intenses ou aux acides, à l’eau et aux graisses…) expliquent leur présence dans un grand nombre de produits de consommation et applications industrielles: textiles, emballages alimentaires, cosmétiques, poêles anti–adhésives, mousses anti–incendie, imperméabilisants, cires à parquet, vernis et peintures… Leur très large utilisation et leur faible dégradation, expliquent la présence de ces substances dans l’environnement, notamment dans les cours d’eau, avec un risque de perturbation de la vie aquatique. Dans les cours d’eau, les plus fortes concentrations en PFAS se trouvent sur le Rhône, de l’aval de Lyon jusqu’à la Méditerranée.