Le projet de déviation de la RN88 sur les communes de Saint-Hostien/Le Pertuis, en Haute-Loire, est conduit par la Région pour le compte de l’État. L’Autorité environnementale (Ae) estime que le projet doit être amélioré pour sauvegarder davantage la biodiversité.
La route nationale RN88 qui relie Toulouse à Lyon en passant par Albi, Rodez, Mende, le Puy-en-Velay et Saint-Étienne est classée par décret en grande liaison d’aménagement du territoire. Le tracé de la route en Haute-Loire a fait l’objet de plusieurs opérations de mise à 2×2 voies. Le projet de déviation de Saint-Hostien/Le Pertuis, sous maîtrise d’ouvrage de la région Auvergne-Rhône-Alpes, agissant pour le compte de l’État, consiste à créer une infrastructure à 2×2 voies, sur 10,7 km.
L’Autorité environnementale a examiné ce projet. Dans son avis rendu le 20 mai, elle souligne que le projet s’inscrit dans un territoire agricole et naturel, de grande qualité paysagère, caractérisé par la présence de nombreuses zones humides et d’une trame bocagère qui favorise les continuités écologiques. L’emprise totale des travaux est de près de 140 ha.
L’Autorité fait remarquer que les sites de dépôt des matériaux de déblais excédentaires ne sont pas définis alors qu’ils devraient faire l’objet d’une description et d’une évaluation de leurs impacts sur l’environnement.
Un projet vieux de 23 ans
Le projet, rappelle l’Autorité, a été conçu et déclaré d’utilité publique il y a plus de 23 ans. Or depuis cette époque les priorités en matière d’aménagement ont changé. La lutte contre l’artificialisation des sols est devenue une priorité. Celle-ci s’inscrit dans le triple objectif de lutte contre le changement climatique en favorisant le stockage de carbone, dans la protection de la biodiversité et dans la protection du foncier agricole, sans parler de la dimension paysagère.
Pas de compensation
Or, le dossier ne précise pas en quoi le projet s’inscrit dans l’objectif « zéro artificialisation nette » du territoire, ni comment il intègre et contribue à répondre à l’engagement de la France d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Il ne prévoit aucune mesure de compensation pour ces deux sujets et ne présente en particulier pas le bilan carbone de l’opération.
Le projet intègre plusieurs aménagements réduisant les autres impacts : réaménagement des cours d’eau, traitement des eaux des ruissellements naturels et routiers, protection des périmètres de captage. Mais il ignore l’objectif d’absence de perte nette de biodiversité, inscrit dans la loi de 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages. « La méthode employée pour le calcul des surfaces de zones humides détruites et la prise en compte des seuls habitats naturels à enjeux qui abritent des espèces protégées conduisent à sous-estimer les incidences du projet et les surfaces de compensation à rechercher », note l’Ae, qui recommande donc de réévaluer les besoins de compensation, en prenant en compte tous les habitats naturels à enjeux et en visant l’absence de perte nette de biodiversité. Elle recommande de préciser avant les travaux les compensations apportées par chacun des sites compensatoires retenus et sécurisés.
Enfin, sur le plan financier, le coût des dispositifs de suivi et de gestion à long terme des mesures environnementales n’a pas été complétement évalué. L’Autorité recommande de compléter l’évaluation du coût de ces dispositifs et, à l’État, d’indiquer de quelle façon il en garantira le financement dans la durée.